Cela fait de nouveau quatre ans que j'ai attendu ce troisième album, quatre ans après la déception "Master of My Make-Believe", huit ans après le chef d'oeuvre "Santogold"... "99ç" s'approche malheureusement plus de son deuxième essai que de son premier : une collection de morceaux qui, à l'image de la pochette de l'album, ressemble au contenu d'une pochette surprise, avec ses quelques réjouissances mais finalement, trop peu pour le prix... Elle aurait effectivement du solder ce troisième essai à 99ç.
Vous me direz, une collection de tubes pop de cet acabit, c'est déjà pas mal, et puis c'était déjà le cas finalement sur son classique "Santogold"... Certes, sauf que "Santogold" était guidé par une cohérence due à sa production électronique moderne, puissante et foldingue. Ici, les deux membres de Major Lazer ont laissé leurs places à des producteurs/compositeurs plus nombreux et donc moins efficaces pour former une cohésion. D'autant plus que le très bon côtoie souvent le plus faible. Tout dépendra de votre propre oreille musicale.
Énumérons alors ce qui est pour moi ce "très bon" ; le joyeux "Banshee" et ses chœurs samplés, accompagné de son ami producteur de toujours John Hill, la planante "Who Be Lovin' Me" accompagné d' ILoveMakonen et d'une production de Zeds Deads, preuve que je peux apprécier la Drill quand elle est bien faite et enfin, le meilleur tube de l'album "Rendezvous Girl", new-wave 80's qui n'est pas sans nous rappeler les morceaux les plus pops de Blondie. Le reste est écoutable malgré tout mais m'a moins réjoui.
On peut alors s'interroger sur le créneau que peut prendre Santigold pour redorer son blason. Qu'elle laisse à M.I.A ses expérimentations hip-hop électroniques à sonorités world. Qu'elle laisse aussi la modernité de la Drill/Trap : même si "Who Be Lovin' Me" est réussie, ce n'est pas le cas de "Walking In A Circle"... J'attends d'elle quelque chose de plus joyeux (à l'image du single ouvrant l'album) et de plus fou. Pour se démarquer, je pense qu'il faudrait travailler sur ses influences new-wave, souvent à l'origine de ses meilleurs morceaux.
Ce n'est que mon interprétation mais j'ai l'impression qu'elle a conscience de cela, d'où le titre ironique "99ç" qui laisse penser à une artiste en solde, artiste qui aurait pu être grande mais qui est déjà relégué au rang de bon souvenir "so 2008", dont chaque nouvel album serait directement placé dans le rayon 4CD à 20euros, que l'on hésite à prendre et écouter de crainte que ces souvenirs ne soient plus aussi bons qu'on le pensait. Et c'est vraiment dommage car "99ç" reste la preuve que le talent est toujours présent... Le sera t-il encore dans quatre ans ?
Strangears - Le blog qui réévalue le mauvais goût musical