Contrairement à ses album précédents, Alela Diane s’équipe ici d’arrangements multiples : Cordes, flûtes et piano accompagnent sa guitare si mélancolique qui était notre chemin de fer. Terriblement plus douloureux que Pirate’s Gospel, son premier opus, About Farewell revisite ici les méandres d’une âme à travers un jeu de guitare et des mots décharnés. Ceux-ci d’ailleurs n’expriment aucun regret, comme si Alela revenait résolue d’une situation qu’elle savait inéchangeable. Cet absolu degrés d’acceptation qui rend sa musique si sombre. Des mélodies harmonisées par une sensibilité terrassante.
La titre éponyme est d’ailleurs la représentation d’une atmosphère lancinante ; un environnement lointain, effacé, qui ne laisse place qu’à une finalité transcendante. Reine éternelle d’une folk sensitive, Alela nous offre ici un album né de ses racines, une force venue de la terre. Elle nous transporte à travers des instants révolus, tant par cet univers teinté de gris qu’elle a transmit à ses titres, que par la texture des sons qu’elle a choisi. On est plongés sous les ombres tachetées d’un monde perdu, hébétés par un downtempo bouleversant, un pied sur terre et l’autre dans le ciel. L’aboutissement d’une quête insurmontable.
On dirait qu’Alela est toujours entre deux mondes. L’un à l’épreuve des événements d’une vie peu acceptable, et l’autre qui semble de manière permanente en action contre ses sentiments. Une dualité qui se traduit par le grain si particulier de sa voix et ses changements de rythme parfois surprenants. About Farewell est rempli de balades, de désolations, les souvenirs posés comme un jeu de carte. Un discours soutenu par les instruments, qui laisse la voix d’Alela en avant, comme un étendard.C’est d’ailleurs cette force de mettre des mots sur tout que l’on admire chez elle. Cette capacité à tout exprimer, à tout faire sortir, comme une forme de rédemption. Une forme de survie.