S'ils sont évidemment tous centrés autour du même thème (celui incarné par le nom même du duo à l'origine de cette initiative), soit un mélange des plus osés de musique électronique et de musique orientale (au sens large, autant dabke syrienne que folkore turc ou maghrébin), les 13 morceaux de cette compilation dense, qui clôt avec brio la quadrilogie des Collections EP, brillent par leur éclectisme.
Certains des artistes regroupés sur cette compilation on pris le parti de réhabiliter, à peine transformée, la musique de ces pays (comme c'est le cas d'Acid Arab justement qui, avec son Samira, accompagnés de deux artistes locaux, signent l'un des meilleurs morceaux de cet album), d'autres ont pris celui de virer vraiment plus techno et electro, n'empruntant à la musique orientale que ses accords et ses sonorités caractéristiques (on pense à The Cheick Arrives d'Etienne Jaumet, et à son acid minimaliste comme lui seul sait le faire, ou au Sahra min tahab de Renart, techno très carrée qui tape comme il faut).
Certes il y a quelques coups de mou, certains artistes ne pensant réaliser de la musique arabe qu'à partir d'un sample et ne mettant pas assez à profit la transe que produit ce genre de sons (Blash de DimmiT par exemple, ou le morceau de Renart, qui n'exploite pas assez le pouvoir de transe de sa musique et la réduit à une efficacité techno).
Mais cela se réduit à quelques exceptions ; car la transe est bien là, et ce dès les premières notes, frénétiques, de l' Oriented de Rikslyd. Elle est aussi dans le remix halluciné du grand Omar Souleyman réalisé par Crackboy, là encore sur l'excellent The Wizard Edit de Pilooski, dont le rythme lent et les notes entêtantes et dissonantes hypnotisent, là surtout sur le morceau Danny Mahboune Ouzou Mneha, court mais efficace.
Mais la surprise vient du morceau final, Surabaya de Mattia qui livre ici un morceau de techno mystérieux, puissant et (même) émouvant, et allie (encore mieux que ne l'a fait Red Tape sur son remix du morceau Le Bon vieux Temps de I-Cube) à merveille les percussions arabes entraînantes et le son acid le plus techno et hypnotisant.


Avec cette richesse et malgré ses écarts, cette compilation est une initiative passionnante et enrichissante, que l'on doit à l'excellent groupe Acid Arab, qui donne enfin à la musique orientale la place qu'elle mérite dans l'électro occidental et qui ouvre des voies pleines d'espoir ; de quoi rendre enthousiaste !

Charles_Dubois
8
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le 25 janv. 2017

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Charles Dubois

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