(chronique parue le 14/01/2013 sur Shoot me Again
De l'Italie, on a plutôt l'habitude de voir débarquer par dizaines des formations de heavy metal épico-symphoniques en chemises à jabots, essayant de singer avec plus ou moins de talent leurs illustres aînés de Rhapsody (of Fire ou pas, ça dépend de l'humeur du groupe), Labÿrinth et autres. D'un autre côté, on a également une excellente scène black metal avec des groupes comme Tenebrae in Perpetuum, Absentia Lunae, Spite Extreme Wing, Hiems ou Janvs. Les ptits gars de The Secret, eux, s'inscrivent dans un autre régistre : le hardcore à tendance chaotique. Attention, ça envoie du bois !
Ayant débuté avec l'album "Luce" (2004) dans un style entre hardcore, mathcore et post-rock, ces natifs de la belle Venise ont bifurqué vers un son beaucoup plus direct et violent avec leur second essai "Disintoxication", 4 ans plus tard. À leur hardcore de base sont venus se greffer le crust et le grindcore. Le black metal a également fait son apparition à partir de "Solve et Coagula" dont les critiques musicales soulignaient des influences "darkthroniennes". Du black metal, en fait, on en retiendra surtout la noirceur de l'ambiance générale de leur musique mais aussi les riffs.
"Agnus Dei" est donc le 4ème disque de The Secret et reprend exactement la recette de son prédécesseur. Tout d'abord, la production a été de nouveau confiée à Kurt Ballou de Converge qui a conféré à la musique du groupe un son puissant et clair. Après un larsen en guise d'intro, le morceau-titre démarre les hostilités sur fond de blast-beats alternant avec des parties plus typées hardcore, dont le chant hurlé caractéristique au genre. Le rythme reste très soutenu jusqu'au 5ème morceau "Post Mortem Nihil Est" où le quartet daigne lever le pied tout en gardant cette atmosphère sombre et poisseuse. Le tabassage en règle reprendra bien vite par la suite avec néanmoins des passages plus nuancés, dont le très pesant "Heretic Temple", le plus long morceau, orienté sludge et où la voix hurlée de Marco Coslovich est mixée plus en retrait par rapport au reste de l'album. L'ensemble de la galette est constitué donc de morceaux relativement courts, en moyenne 1 à 2 minutes. "Seven Billion Graves", qui clôt le débat, affiche lui plus de 13 minutes mais n'en fait finalement que 3 et des poussières. Le reste étant du "remplissage artificiel", un long silence menant aux 3 dernières minutes oppressantes, un peu à l'image de "Heretic Temple".
Ce 4ème essai des italiens est donc un pur produit estampillé Southern Lord , surfant depuis peu sur cette vague "blackened-crust-grind-hardcore" et associés (le label de Greg Anderson et Stephen O'Malley de Sunn O))) les ayant signé en 2010). Mais ça reste bien au dessus du lot. The Secret nous offre une parfaite synthèse entre la violence du hardcore/grindcore et la véhémence du black metal. C'est d'ailleurs certainement "plus black metal" que certains qui prétendent l'être. L'un de mes albums de l'année 2012 !