"Aimer ce que nous sommes" était l'album de tous les dangers. Comment se remet-on d'un chef-d'œuvre tel que "Comm' si la terre penchait" (1), comment passer à la suite ? Selon moi, la question se pose à la fois pour celui qui a "commis" ce qu'il peut considérer comme la pièce ultime de sa carrière que pour celui qui a l'impression d'avoir reçu l'indépassable.

Sept ans, c'est ce qu'il aura fallu pour tenter d'apporter une réponse à cette question.

Afin de rendre hommage à Christophe qui n'aime qu'une chose, prendre le monde à contre-pieds, je ne vais pas analyser cet album, tenter le jeu des comparaisons (Christophe est par définition incomparable), tenter d'expliquer pourquoi je l'ai écouté des dizaines de fois. Non je vais juste, morceau par morceau, jeter ce qui me vient à l'esprit. Déstructurée, sans queue ni tête, à la "Aimer ce que nous sommes"...

En route pour 71 minutes en apesanteur...

1/ "Wo wo wo wo" : Quand Christophe se prête au jeu du duo, il convoque la voix magique d'Isabelle Adjani, et lui donne comme seule réplique quelques Wo wo wo wo...

2/ "Magda" : Tel un soir d'orage, la guitare de Christophe Van Huffel déchire le ciel...

3/ "Mal comme" : Quand la chanson d'amour devient symphonie grandiose...

4/ "It must be a sign" : La voix tellement troublante de Denise Colomb sur fond de mouvement classique pour piano et cordes. Bientôt déboulent les synthétiseurs et des chœurs slaves...

5/ "T'aimer fol'ment" : Cordes et synthétiseurs se mêlent, se chevauchent. Acte charnel qui tourne au triolisme quand la trompette d'Érik Truffaz apparaît...

6/ "Tonight Tonight" : On retrouve le dandy dans toute sa splendeur, pour un "Succès fou" version 2.0...

7/ "Panorama de Berlin" : Voyage surréaliste et envoûtant. Synthés, guitare, basse, saxo, percussions, bandonéon et là derrière, la voix de Carmen Amaya... Mes oreilles perdent le Nord...

8/ "Stand 14" : Christophe passe le mur du son, c'est un punk...

9/ "Interview de..." :  "Les femmes qui dansent vraiment elles se passent toujours la main dans les cheveux quand elles dansent"... Plus fou que jamais Christophe s'auto-interviewe sous un furieux déluge électro...

10/ "Odore di femina" : "Hanches de lait Éternité cuisses d'anis Éternité étoilées Éternité..." On y comprend rien et on ne veut surtout rien y comprendre. C'est juste beau d'entendre la voix de Christophe répondre à celle de Diego Carrasco. Parce que Daniel Bevilacqua est aussi roi du flamenco...

11/ "Tandis que" : Parce que Christophe c'est avant tout un lover : "Elle avait juste envie d'astiquer le réel pour satisfaire l'imparfait délicieux..." (2)

12/ "Parle lui de moi" : Le slow grandiloquent à l'ancienne, il est trop fort Christophe quand il en fait des caisses...

13/ "Lita (Les voyageurs du train)" : L'incroyable épilogue de cet album, morceau de 18 minutes qui s'ouvre sur une superbe partition piano-voix puis, comme au cinéma, le générique de fin : accompagné par des cordes à vous fendre le cœur, Daniel Filipacchi nous explique qui, où, comment cet ""Aimer ce que nous sommes"...

71 minutes et une réponse à la question "Comment se remet-on d'un chef-d'œuvre ?" : En en commettant un nouveau.

Une rencontre avec le dandy magnifique à l'occasion de la sortie de "Aimer ce que nous sommes" : http://youtu.be/2fiGVZNMrOU

Et si vous voulez passer 45 minutes en compagnie de cet extra-terrestre : http://youtu.be/e9BKpoiGF08

Une liste (dans laquelle vous pourrez trouver des liens renvoyant aux critiques du reste de sa discograhie) consacrée au génie : http://www.senscritique.com/liste/Et_j_ai_crie_crie_Christophe_pour_qu_il_revienne/218039

(1) http://www.senscritique.com/album/Comm_si_la_terre_penchait/critique/16935547

(2) Et pour les petits fouineurs, sachez qu'il existe une très belle version de ce morceau en duo avec le chanteur grec Lavredis Maheritsas.
takeshi29

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