Qui se souvient de la belle découverte qu'avait constituée l'album "+" en 2011, dans lequel le jeune Ed Sheeran, alors inconnu, mêlait pop, folk et RnB dans une atmosphère urbaine qui sied bien à l'Angleterre. Qu'il semble loin ce temps.
10 ans ont passé, Ed est passé à la postérité, "+" s'est vendu par camions entiers, les suivants aussi, Ed est une pop star qui écrit pour les autres autant que pour lui. Et comme beaucoup d'autres, le succès n'a pas fait que du bien au jeune Anglais.
Ed Sheeran continue donc son exploration des signes mathématiques avec cet album nommé "=" (il n'a pas encore fait le moins), qui continue lui aussi sur la lancée de ses prédécesseurs, c'est à dire toujours plus mauvais. Fini la fraîcheur du premier album, désormais la pop du jeune homme se fond dans le son ambiant et n'a plus grand chose d'original. Tour à tour, on a souvent l'impression d'entendre du Shawn Mendes (sur "Tides") du Coldplay (ce qui n'est pas un compliment dans ma bouche, le groupe de Chris Martin ayant touché le fond récemment en faisant un featuring avec BTS et je ne suis pas sûr de savoir pour lequel des deux c'est plus honteux) ou du Justin Bieber (sur "Shivers"). On a souvent l'impression d'avoir entendu les titres des centaines de fois chez n'importe quelle autre pop star à la mode et rien n'y fait, même quand il essaie de renouer avec les accents folk de son premier album, le son semble uniforme.
On oscille donc entre titres dance pop sans originalité et ballade chiante à mourir dans lequel le rouquin brasse tout le temps les mêmes thèmes. Son écriture est devenu pataude, ses métaphores digne d'un collégien émo. "Visiting Hours" essaie bien de raconter autre chose que des histoires d'amour digne d'une série Netflix mais tout est tellement surproduit, lourd, coulé dans un moule standard que l'émotion ne parvient jamais à surgir.
Ed s'essaie même à la berceuse pop sur fond de ukulele, dédiée à son fils mais rien n'y fait, cet album est chiant à mourir.
En étant sympa, on sauvera "Stop The Rain", le final un peu plus rythmé "Be Right Now" qui sauve les meubles et surtout "Bad Habits" qui réussit à trouver quelques trucs intéressants dans la mélodie et qui s'avère le titre le plus efficace.
Mais tour ça ne réussira pas à faire oublier le naufrage global de l'album et surtout d'un artiste en complète perdition, dont le talent a fini par se noyer dans les méandres de la pop mainstream et d'un succès qui le dépasse. Un syndrome classique mais toujours triste à observer.