Après un album de duos avec de grosses vedettes en 2010, sans vraie surprise, Ray revenait en 2017 avec un nouvel album dans lequel il évoquait ses liens complexes avec les Etats-Unis, faits d’autant de fascination que de répulsion (il a failli être tué par une balle perdue à la Nouvelle Orléans en 2004…). Cet album est le 1er volume d’un diptyque. On le sait, Ray a toujours été fasciné par une sorte de Grande Bretagne éternelle, immuable (« Victoria »…) mais il a été nourri aussi de rhythm’n’blues et de rock’n’roll venus tout droit du pays de l’Oncle Sam. On retrouve cette dichotomie dans l’excellent « Muswell Hillbillies » de 1971 des Kinks. Et c’est vrai qu’à partir des années 70, la carrière du groupe s’est réalisée bien plus de l’autre côté de l’Atlantique où les frangins Davies remplissaient des stades, qu’au Royaume-Uni. Et les Kinks, on y pense souvent à l’écoute de cet album country folk enregistré avec l’aide des Jayhawks dont le leader Gary Louris (excellent choix s’il en est). Davies a toujours un art très poussé de la mélodie (superbe « A long drive home to Tarzana ») qui rappelle son ancien groupe, doublé de paroles douces-amères (souvent plus amères que douces…). Il évoque tour à tour le souvenir ému d’Alex Chilton (« Rock’n’Roll Cowboys »), l’ancien chanteur des Box Tops et de Big Star qui était son ami et avait participé à « See my friends » en 2010, juste avant de mourir, mais Ray nous raconte aussi ses premiers pas contrariés sur le sol américain (« The Invaders »), les Kinks ayant eu interdiction de tourner aux Etats-Unis de 1965 à 1969. Dans une autre chanson, c’est l’envers du rêve californien qui apparaît (« The Deal »). Les sessions ont été tellement fructueuses que le 2e volume est sorti l’année suivante. Un très bon album.