Après quasiment dix années de silence, Loreena McKennitt, prêtresse alto de la nouvelle vague celtique, ne semble ni sur le retour, ni même dépassée. Rejoignant la caravane là où elle s'était arrêtée après ses deux précédents albums largement plébiscités, The Mask and the Mirrors (1994) et A Book of Secrets (1997), le mélange détonnant de thèmes britanniques et byzantins impressionne encore par le groove serein et hybride qui s'en dégage.

Retour aux origines. Enregistré aux Real World Studios de Peter Gabriel et produit par la dame elle-même, An Ancient Muse débute par une incantation qui libère l'espace de tout parasite et embarque le visiteur dans un monde emprunt de mysticisme, de vent et de sable. Toujours gourmande d'instruments exotiques, Loreena communique une impression de dépaysement total sans forcer sur les habillages technologiquement élaborés : oud, doumbek, kanoun, doudouk, hurdy-gurdy, viole de gambre, violon suédois ou cette harpe qu'elle n'avait pas touché depuis The Visit (1991). Mélange des couleurs. La solitude déployée par la cornemuse irlandaise (uilleann pipes) sur l'épique « Beneath a Phrygian Sky » associée à un duo de guitares électriques distordues, acoustiques, harmoniques, emballe le titre vers une sensualité, un romantisme qui n'avait pas été visité depuis belle lurette.

Un créneau poétique où les mots de Sir Walter Scott s'écoulent avec gourmandise sur « The English Ladye and the Knight » comme en son temps « Lady of Shalott ».

Superbement arrangé, sans crainte de modernisme bienvenue (« The Gates of Istanbul ») ou de langueurs hypnotiques (« Kecharitomene », magnifique), les accents tour à tour mauresques (« Caravanserai » envoûtant, avec un Manu Katché solide aux baguettes) et celtiques (« Never-Ending Road ») permettent à Loreena McKennitt de chanter comme on murmure des choses tendres. En prenant son temps dans l'essentiel, cet Ancient Muse respire à plein poumons les parfums d'un monde devenu beau.
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le 18 janv. 2012

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