Ana w Sehrani
7.9
Ana w Sehrani

Album de Fairuz (1997)

Bonjour à tous,


Me revoilà parmi vous avec cette chanteuse ô combien mirifique ! que dire sur ce monument,parler de Fairuz la dame,ou l'artiste?.


Fairouz est sans conteste la personnalité la plus marquante de la musique libanaise. Celle-ci n’aurait pas connu une telle vogue si elle n’avait pas bénéficié de la voix sublime de cette chanteuse qui, même du vivant d’Oum Kalthoum, s’est imposée dans tout le monde arabe, en chantant non seulement le Liban mais aussi la Palestine, l’Egypte, la Syrie et La Mecque…


Que celui ou celle qui n’a jamais versé une larme en écoutant la voix de Fairuz s’annonce et se présente, que je l’examine pour m’assurer de son humanité...


Permettez-moi aujourd’hui, après une semaine particulièrement éprouvante, d’ajouter « quelques grammes de finesse dans ce monde de brutes ». De me faire un Kif, comme dirait une certaine jeunesse.


Née le 20 novembre 1935 dans la montagne libanaise, Nouhad Haddad, qui deviendra Fairuz, est la représentation concrète de ce que l’on appelle « la force tranquille ». En rompant tout d’abord avec les longues litanies égyptiennes qui constituaient la musique arabe dite classique aux côtés de Assi et Mansour Rahbani, puis en osant chanter les textes considérés comme osés sur les rythmes jazz de son fils Ziad, Fairuz a réussi l’immense et presque impossible tour de force de révolutionner la musique Libanaise et Arabe tout en s’assurant la dévotion de toute une région, de la Syrie à la Palestine en passant bien sûr par le Liban. Le tout comme si de rien n’était, ignorant superbement ragots et critiques, maintenant son cap dans l’adversité, contemplant le monde de son regard sérieux et mélancolique.
Non, Fairuz n’est pas femme à tapages, vous ne la verrez pas clamer ses opinions haut et fort, se faire photographier dans les journaux mondains, créer l’esclandre. Ce qu’elle veut faire, elle le fait sans rechercher une attention exagérée, et c’est cette discrétion qui lui vaut sans doute l’amour inconditionnel dont elle bénéficie. Cette discrétion, mais aussi une intégrité sociale et politique qui lui a évité de se salir pendant les longues, horribles et honteuses années de la guerre civile Libanaise. Son pays ayant perdu la tête, Fairuz refuse de devenir l’otage d’un camp quelconque, et se drape dans un silence douloureux, refusant de donner des concerts au Liban, comme si le Pays du Cèdre, ivre de sang et gorgé de la vanité insensée des milices ne méritait pas la voix de l’ange.
Maronite, foncièrement Libanaise, la chanteuse aurait pu tomber dans le piège dans lequel bon nombre de ses coreligionnaires sont tombés, c’est-à-dire rentrer dans la dialectique (tellement absurde) du « Je-suis-Libanaise-c’est-à-dire-phénicienne-et-non-pas-Arabe ». Malheureusement pour ceux qui auraient adoré récupérer à leurs fins un tel symbole, la Turquoise se met à chanter pour Jérusalem, portant sa voix aux étoiles sur les paroles « Al Qudsu Lana, Al Beytou Lana » (Littéralement, Jérusalem est à nous, La maison est à nous), et pour le peuple Palestinien, diabolisé au possible par certaines factions libanaises.
Fairuz en agace plus d’un avec son identité Arabe, et c’est tant mieux.
Les tristes sbires de la division ont même tenté de l’empêcher d’aller chanter à Damas en 2008 lors des festivités de la Capitale du Monde Arabe, poussant les hauts cris et hurlant à la trahison. Une telle réaction est à proprement parlé hilarante lorsque l’on sait que ces mêmes personnes qui s’offusquent s’inclinaient volontiers devant les officiers syriens au temps de l’occupation du Liban. Certains ne craignent pas le ridicule. Fairuz ne s’est jamais mêlée de politique, pourquoi attendre d’elle qu’elle commence à l’âge de 73 ans? Et ne vaut-il pas mieux aller en Syrie, parler de liberté et tenter de changer les choses de manière positive à l’échelle régionale plutôt que de s’embourber dans les mêmes débats politiques stérile et corrompus qui semblent chers aux auto-proclamés « vrais » Libanais? Ziad Rahbani, trublion de la gauche libanaise, ne s’est jamais gêné pour critiquer ouvertement la présence Syrienne au Liban, mais n’y – a-t- il plus de différence entre un régime et un peuple? Fairuz et ses hommes, Assi, Mansour et Ziad, sont issus du peuple, ont remis au goût du jour le folklore de la magique montagne Libanaise, symbole du peuple, et ont toujours chanté pour le peuple, ce grand oublié des manigances d’alcôves du sérail. Ainsi, que personne ne vienne leur donner des leçon de « Libanisme ».


Malgré ces critiques, Fairuz suscite néanmoins toujours autant d’amour et d’admiration de toutes les communautés, pour cent raisons comme pour une seule: la justesse de sa voix, aussi bien au sens propre comme au figuré.


Si le Liban recherche son identité, nul doute qu’il la trouvera dans les cordes vocales de cet être irréel. Je m’emmêle les mots et les idées dans l’espoir vain de parvenir à décrire ce que je ressens dès les premières notes de piano du génie Rahbani, le frisson qui me parcoure l’échine, l’émotion, cette impression prégnante que mon propre corps devient le réceptacle de cette voix, qu’elle m’habite.


Fairuz est l’élément fédérateur de tout un peuple, le seul que les communautés semblent daigner se partager. Fairuz est la fiancée du monde arabe, comme Oum Koulthoum en était la mère, derniers bastions d’un art incorruptible. Personne ne chantera jamais le Liban et Jérusalem comme elle l’a fait avec cet accent de sincérité qui semble réconcilier l’âme et le corps. La voix de Fairuz est un dont trop féérique pour être de ce monde: elle relève du sacré et doit être traitée comme telle. A propos, en Egypte Ancienne, la Turquoise était le symbole de la Déesse Hator, la Mère Universelle. Les croyances populaires veulent que lorsque la Turquoise change de couleur, le danger ou le mal approche.
Un surnom bien choisi, en somme.


L'art de Fairouz est indissociable du talent des deux frères Rahbâni. Auteurs compositeurs hors pair, ils ont une connaissance parfaite de la musique occidentale et de la musique traditionnelle libanaise. Assi (époux de Fairouz) et son frère Mansour Rahbâni puisent leur inspiration dans la riche et dense musique populaire du Liban et dans les chansons populaires des pays voisins (Syrie, Egypte), tout en nourrissant une réelle curiosité à l’égard des autres musiques du monde, ce qui explique la qualité exceptionnelle de leur travail.
La carrière musicale de Fairouz, une des plus célèbre star de la chanson au monde arabe, a commencée en l'année 1947 participant à la grande chorale de Mohamed Fleifel. En travaillant chez Hlim Elroumi, de la radio, elle rencontra pour la première fois les frères Rahbani, c'est à ce moment qu'elle oublie la chanson de tradition pour ce consacrer exclusivement à la nouveauté.


En l'année 1954, Fairouz épousa Assi Rahbani qui a su repérer son talon exceptionnelle. Et cette union de Fairouz et Assi leur permettre d'avancer vers le succès et la gloire de la chanson arabe.


En 1957, Fairouz inaugurant pour la première fois un festival nommé Baalbek à plain air, rencontre un grand triomphe que les admirés surnommèrent Fairouz la septième triomphe. Ensuite la Syrie à son tour l'accueille avec chaleur et joie.


Fairouz courageuse, était la seule artiste à encourager son peuple pendant les guerres et les conflits.


Avec Fairouz, on ne peut plus se permettre de parler de talent on ne peut parler que de génie. En fait elle encore bien au-delà du génie, car elle flirte avec le divin. Dans son interprétation de Ya jarat al-wadi, il y a une remarquable fusion avec un autre génie, Mohamed Abdelwahab auquel elle rend un véritable compliment. C'est un baume pour les maux de l’âme, l'effacement de l'angoisse. Dans un monde et une époque comme les nôtres où la laideur la peur et la violence sont envahissantes, nous ne pouvons que rendre grâce à Dieu ( s' il existe ) de permettre à des âmes comme Fairouz d'exister.


Mais parlons un peu de cet album. Et bien, écoutez le, bon sang ! Vous attendez quoi mes braves compagnons ? Je voulais surtout parler de cette artiste totalement inconnue, en France.


Sur ce, je vous laisse. Portez vous bien. Écoutez ce génie musical ( que dis-je ? ce divin élixir ! ). Continuez à vous cultiver. La culture vous sauvera de notre époque barbare, et de ses pièges tendus... @ +. Tcho.

ClementLeroy
10
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.

Créée

le 17 juin 2016

Critique lue 491 fois

4 j'aime

San  Bardamu

Écrit par

Critique lue 491 fois

4

Du même critique

Les Essais
ClementLeroy
9

Un grand auteur, un grand humaniste, un grand penseur

Bonjour à tous, Aujourd' hui, je m' attaque à un auteur, malgré sa renommée, restant , en grande partie, méconnu de tous, excepté de quelques universitaires et snobinards prétentieux de mon...

le 16 févr. 2015

28 j'aime

5

Journal d'un curé de campagne
ClementLeroy
10

L' insupportable vérité du Christianisme.... L' Enfer, c' est de ne plus aimer....

Bonjour à tous, Me voilà aujourd'hui avec ce roman célébrissime de Bernanos. Donc, pourquoi une critique de plus sur un livre trop connu, et très plébiscité, me direz-vous. Et bien, je trouve ce...

le 9 déc. 2016

27 j'aime

2

Illusions perdues
ClementLeroy
9

Pas un chef-d'œuvre, LE chef-d'œuvre de Balzac !!

Bonjour à tous, Plus d'une fois, je m'étais promis de lire "Illusions perdues" et "splendeurs et misère des courtisanes". De report en report, j'ai fini par trouver le temps et la patience...

le 16 févr. 2015

20 j'aime

3