Anger Denial Acceptance par Joro Andrianasolo

Spineshank existe toujours. Vous savez, ce groupe qui faisait partie des seconds couteaux du neo très populaire de la fin des années 90 / début 2000. On les a vus se disperser pendant presque une décennie, Johnny Santos partant explorer le metalcore de son côté, les autres zicos montant un nouveau line-up du leur, avant de finalement tout laisser tomber.

Avouons-le, cette reformation ne laissait pas vraiment augurer du meilleur, entre les problèmes de line-up, les split, pas split. Appréhension qui se confirme dès le départ. L’inspiration n’est guère au rendez-vous, en témoigne ce "Nothing Left for Me" qui aurait pu être sympa s’il n’empestait pas les mélodies d’un "Change" signé Deftones. Ce retour pas vraiment en forme est un mélange assez maladroit qui n’arrive jamais vraiment à quelque chose de concluant. Le nouveau Spineshank n’est à peu près intéressant que quand il bourrine ou quand il fait de gros efforts pour varier les ambiances au sein d’un même morceau ("I Am Damage" qui touche presque au thrash, la chanson titre, "Murder Suicide"). D’ailleurs le sieur Sarkisyan sait y faire dans le riffs thrashisants, on observe même quelques tentatives de shred (mais c’est pas vraiment gagné à ce niveau-là par contre). Les expériences metalcoreuses de Johnny Santos ces dernières années sont pour beaucoup dans le (très) petit nombre de points positifs à relever sur Anger Denial Acceptance. Malheureusement, il a aussi pas mal importé les pires aspects du genre, comme ces mélodies mièvres touchant à l’emo, devenues systématiques au moment du refrain.

Dans certains cas ("The Reckoning"), c’est vraiment dommage, car ces vocaux clairs survenus comme un cheveu dans la soupe plombent l’énorme potentiel des titres les plus brutaux qui sont quand même assez nombreux. Il est aussi dommage que Santos se limite au chant sur cet album, on l’a connu capable de jolies prouesses guitaristique chez Silent Civilian. Heureusement, on retrouve régulièrement quelques grosses décharges d’agressivité, comme l’enchaînement "The Reckoning" / "God Complex (Anger)". Dans d’autre cas, on aurait tout simplement voulu qu’un titre s’étire un peu plus en longueur ("God Complex" encore une fois, mais il se conclut assez efficacement sur une outro indus' assez typique du groupe). Et que dire de cette ballade finale archi prévisible et larmoyante ? Bon, sincèrement, elle n’est pas si dégueu que ça, mais la recette a été tellement usée qu’elle les pénalise encore un peu, alors même que le constat général n’est pas très reluisant. S’auto-étiquettant dans l’indus depuis toujours à peu près toujours, on se demande bien où sont passées ces fameuses ambiances électroniques soi-disant spécifiques du groupe. A moins qu’elles ne soient si bien intégrées qu’on les perçoit à peine ? On ne les remarque que péniblement glissées dans les interludes et outro.

Il y a de quoi se demander si ce come-back que l’on sent presque forcé était bien nécessaire. Le groupe n’a que rarement côtoyé les têtes d’affiche à la belle époque du neo et il a eu bien du mal à se tailler une place parmi les formations « bankable » de sa génération. Ce n’est certainement pas avec ce revival pour le moins minable qu’ils vont y arriver.
JoroAndrianasol
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le 18 févr. 2013

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