Apocalypso
7.2
Apocalypso

Album de The Presets (2008)

Attendu après un premier album déjà fort appréciable, la seconde fournée devait venir confirmer la donne en terres electro-rock. Et avec Apocalypso, The Presets vient enfoncer le clou et le marteau avec. Là ou Beams s'entachait de quelques pistes un peu trop expérimentales pour pouvoir réellement marquer, ce second opus se déleste de celles-ci pour se concentrer sur l'efficacité et l'agressivité du groupe.

Dès Kicking and Screaming, le ton est donné. Plus tournés vers l'EBM qu'auparavant, les claviers du groupe feraient se réveiller n'importe quel mort ayant dansé un jour sur une mélodie entêtante des années 80. Le chant quasi-martial de Julian Hamilton est toujours aussi efficace. De bonne augure...
Mais la première claque de l'abum, plutôt le bon coup de point dans ta gueule à ce niveau, c'est My people qui l'assénera. Sous un fond crasseux semblant sortir tout droit d'un synthé des années 90 (on pense à Prodigy, Altern8, ...), c'est un véritable hymne pris en plein face. Le morceau qui, même épuisé, te ferait bondir en rave jusqu'à soulever un nuage de terre et pouvoir utiliser tes mouchoirs les 4 jours suivants comme engrais. On y reviendra encore et encore pour reprendre sa dose de hargne quotidienne, et ce pendant un bon moment. Si ce morceau est le climax de l'album en terme d'agressivité, la suite réserve de nombreuses pistes toutes aussi surprenantes.

A new sky calme le jeu et sera la caresse réconfortante après le coup reçu, le temps de juger des possibilités offertes par la voix d'Hamilton.
Sur This Boy's in Love, le groupe ressort ta mélodie préférée des 80, l'accélère, l'accélère, la transforme en un rythme lancinant, y ajoute quelques touches de piano et voilà, second tube de l'album.

Le groupe te refait le même coup sur Yoppiyo-ay, seulement tu te dis que tu ne peux plus te faire avoir de la sorte. Mais le morceau est ici plus groovy, le chant plus entêtant, tu ne peux t'empêcher toi-même d'accompagner les lyrics. Vraiment forts ces australiens! Et le pire, c'est que le meilleur reste à venir.

Quelques notes d'orgue entament le début de l'épique Talk Like That, avant de laisser place à un beat putassier bien violent accompagnant à merveille des paroles voluptueuses et vachement classes. Le genre de ritournelle à deux balles qu'on te lance avant de te baiser sauvagement sur le canapé du salon. ça pourrait paraître léger, mais tu t'en moques, les quelques verres de vin blanc commencent à faire effet et puis ce refrain syncopé et enivrant accompagne si bien chaque coup de rein.
De toute façon, tu pourras ranger le bordel dans l'appart sur Eucalyptus, plus dispensable. Et même si le morceau est plutôt réussi, il faut bien que tu te crées toi-même une accalmie pour te remettre de ces quelques coups.

Si le morceau est aussi bon, If I know You est moins surprenant, juste une preuve de plus que Calvin Harris n'est pas le seul à ressortir de bons trucs à base de rythmes eighties.

C'est sur Together que le groupe te fait sortir de la boîte, dans une Testarossa conduite par les tarés de Motor. Seulement la route est bien cabossée, et le lecteur-cd jouant du Cabaret Voltaire saute à mort. Tu t'imagines bien le groupe attachée par une corde à l'arrière de la voiture pouvant enfin trouver dans les virages, une parcelle de route sans embûches pour pouvoir sortir sa complainte amoureuse d'une bouche emplie d'un mélange de sang et de terre.
Le groupe te lâche là, sur le bord de la route, hagard dans la nuit. Tu titubes jusqu'à un rocher sur lequel tu t'adosses. Et sur un Aeons aérien (ouais pas génial), tu regardes les étoiles en méditant. Au loin un kangourou passe.

Tu te dis que c'est quand même un putain d'album. Le genre de truc que tu seras fier de ressortir dans 10 ans en le tendant d'une main tremblante à l'heureux ignorant en articulant d'une voix émue "à l'époque, j'écoutais ça".
Vivement la suite.
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9
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le 13 mars 2012

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