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Au beau milieu de la compil' culte So Young But So Cold - regroupant les perles underground de la scène cold-wave française des 80's - perdues au milieu des Kas Product, Ruth et autres Metal Boys, deux longues compositions se déploient sur 12 minutes et s'imposent comme le sommet du disque. Mais qui sont donc ces "prophètes hypothétiques", suffisamment époustouflants pour s'approprier la plus grosse part de la compilation (là où les Metal Boys ne se voient accordés à peine plus d'une minute pour s'exprimer) ?

La réponse tient en deux noms ; Bernard Szajner et Karel Beer. Le premier, cerveau de l'affaire, n'est autre qu'un des plus éminents pionniers français en matière d'électronique, inventeur entre autre de la harpe laser (avant que J-M Jarre ne s'en empare pour en faire un artefact du kitsch) et surtout auteur de quelques-uns des plus impressionnants albums français des années 80. Le disque qui nous intéresse, Around The World With The Prophets, regroupe notamment les deux fameux morceaux de la sus-citée compil' : "Wallenberg" et "Person To Person". Le dernier, se moquant des petites annonces du journal, fait cohabiter de manière bluffante les beats déshumanisés aux harmonies sacrées des Beach Boys. Pendant ce temps là le premier, plantant dès les premières notes un décor délétère, laisse la voix grave et robotisée de Szajner déclamer un texte évoquant le combat de Raoul Wallenberg pour sauver - avec succès - plusieurs milliers de vies juives durant l'holocauste. Et le saxo de pousser sa plainte laconique...

Ivan Smagghe ne s'était pas trompé en réalisant So Young But So Cold ; "Person To Person" et "Wallenberg" sont bel et bien les chefs-d'œuvre noirs de Bernard Szajner (du moins sous cette incarnation). Mais cela n'empêche pas d'autres titres de ce détacher d'Around The World comme la décharge d'adrénaline "Fast Food", concentré d'urgence accompagné d'un chant à mi-chemin entre Nick Cave et Julian Cope. Ou encore "Back To Burner", synth-pop aux paroles russe flirtant avec l'indus et le noise. Seule "Fisherman's Friend", dont la légèreté mal dosée ne fera sourire qu'une fois, vient ternir le tableau d'un album sinon en tous points parfait.
Un album aussi rare qu'il est indispensable pour les discovores de cette période, à placer aisément entre le premier Kas Product et le Polaroid Roman Photo de Ruth.
TWazoo
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le 2 nov. 2014

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T. Wazoo

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