Dans la poussière des routes de l’Ouest des Etats-Unis, une ambiance de motels miteux.
Deux voix quasi a capella qui racontent en chanté-parlé avant de monter en chœur façon gospel. Une chaude, une grave ; une femme, un homme. Puis une simple six cordes, comme un six coups, folk western, des sifflotements au lointain… On est au far-west .


Dépouillée et envoûtante comme le désert, l’histoire en chansons d’un destin, double et trouble : un gars un peu soumis, pas très dégourdi et une belle aventurière qui n’a pas froid aux yeux ; en fuite permanente, inexorable et sans issue, de braquage en braquage... Ils s’aiment, ils sont seuls, seuls au monde… Mus par l’adrénaline, ils vont vite, il faut qu’ils aillent vite, tout le temps et pour tout.
Et on les suit, fasciné.


Une sacrée surprise que cet album sorti de façon confidentielle à l’orée de l’été 2006.
Extrêmement original, sobre dans son format totalement à rebrousse-air-du-temps (juste deux voix autour d’une guitare sèche) une atmosphère très touchante s’y développe de façon subtile ; à la fois insouciante et lourde, enthousiaste et mélancolique, sensuelle et haletante, elle nous enveloppe comme la brume du saloon où ils se réfugieront pour une peut être dernière nuit d’amour fou.
Un romantisme pervers et délicieux, plein de relents d’âcre fumée et de vapeurs de bourbon, qui vous tient en haleine jusqu’à la dernière note… elle-même une drôle de surprise (puisque le dernier morceau n’est rien d’autre qu’un inattendu relookage du Heart of Glass de Blondie !).


Et maintenant, me direz-vous, qui se cache derrière cette Dillinger et ce Baby Face – patronymes, soit dit en passant, de véritables gangsters période prohibition - ?
Eh bien dans le rôle de la fille c’est l’épatante Héléna Noguerra (mannequin, actrice, animatrice Tv, écrivain, chanteuse et sœur de Lio…) qui prouve ici encore sa grande sensibilité, sa fine intelligence et son magnifique talent d’interprète.
Dans le rôle du gars, c’est Federico Pellegrini, l’excellent compositeur-guitariste des inénarrables Little Rabbits.


Réalisé à Tucson Arizona fin 2005, ce road-record étonnant et attachant, croise le chemin de Bonnie and Clyde (le film et la chanson) sans s’y enliser.
C’est fort et c’est beau.
Chapeau ! (de cow boy).

RolandCaduf
8
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le 14 mai 2021

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RolandCaduf

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