"Beauty Stab" est pour moi l'un des exemples les plus emblématiques de la paralysie qui peut saisir un groupe au moment de donner suite à un premier album qui a été un pur chef d’œuvre, en même temps qu'un réel succès commercial. Succéder à "The Lexicon of Love" était un défi particulièrement impressionnant pour Martin Fry et ses boys, et le résultat des efforts de ABC, "Beauty Stab", s'avéra décevant, enterrant pour le coup, par l'habituel retour de bâton, toute chance de pérennité pour le groupe. Quelque part, ce rejet aussi bien critique que public fut injuste, car il reste ici une poignée de belles chansons "excessives" qui peuvent supporter la comparaison avec leurs "prédécesseuses" ("SOS", "By Default By Design"). Malheureusement, le choix de Fry d'abandonner l'emphase symphonique qui avait pimenté le pop romantique de "The Lexicon of Love" pour tenter de conférer une sorte de crédibilité rock à sa musique en durcissant le ton et en ajoutant des guitares, est clairement une mauvaise solution, le disque en paraissant du coup plus banal, voire inutilement vulgaire. [Critique écrite en 1983, remaniée en 2015]