Book of Dowth par Joro Andrianasolo
Les membres de SuidAkrA (anagramme d’Arkadius, le leader du groupe pour info) sont de vieux loups : 10 albums au compteur depuis leur naissance en 1994. Votre serviteur étant étranger à la formation allemande, cette chronique sera dépourvue de références à leurs précédentes réalisations. De toute manière, il semblerait que leur musique n'ait pas tellement évolué depuis leurs débuts. Et avec leurs années de service, on s’en doute, ils ont déjà un style maîtrisé et sont parfaitement rodés.
C’est d’ailleurs ce qui ressort presque immédiatement à l’écoute de ce Book Of Dowth. Rien n’a été laissé au hasard, il y a au moins un riff, une mélodie, qui scotche sur chaque piste. “Dowth 2059” et ses riffs mitraillés doublés par la section rythmique (un gimmick qui sera repris dans plusieurs autres chansons comme “Balor”), les blasts impitoyables flirtant avec le black épique d’un Keep Of Kalessin sur “The Dark Mound”, “Fury Fomoraigh” et “Balor”. La batterie est d’ailleurs plutôt agressive, beaucoup de blasts et des roulements de double omniprésents. Les guitares lead, d’inspiration plutôt heavy classique trouvent à chaque fois une mélodie entêtante. Elles « chantent » littéralement, bien plus que le vocaliste attitré en tout cas. La voix d’Arkadius est un mix death/black écorché. De rares fois, on a du chant, essentiellement sur les morceaux plus axés folk comme “Birog’s Oath” qui voit l’intervention d’une voix féminine ou encore le joyeux “Mag Mell”. L’agressif mélodique d’Arkadius n’est guère captivant (“Balor” encore une fois), bien que ce ne soit pas insupportable, son registre extrême aurait suffi.
Contrairement à d’autres artistes de la même scène, les musiciens ont assez modérément recours aux instruments traditionnels. Leur « Celtic Metal » comme ils tiennent à l’appeler, n’insiste vraiment sur les éléments folk qu’au cours de passages précis d’une chanson ou de l’album (introduction de “Balor”, “Mag Mell”, “Stone of the Seven Suns“ qui voit l’utilisation d’une mandoline). Néanmoins, le résultat final est proche des standards du genre. Il est donc certain que ce n’est pas avec Book Of Dowth que SuidAkrA va donner un coup de pied dans la fourmilière du folk metal. Il n’y a rien ici que l’on n’ait pas déjà entendu ailleurs. Eux qui entendent être un modèle de ce que devrait être le « Celtic Metal », c’est peut-être réussi, mais en revanche, on repassera pour l’originalité, totalement absente. Cependant, les musiciens maîtrisent leur sujet, ils ne prennent aucun risque et ce n’est pas plus mal, car l’inspiration est au rendez-vous. On ne s’ennuie jamais et comme déjà annoncé plus haut, chaque chanson a ses moments de bravoure.
Un album loin d'être mauvais, mais aussi loin d'être innovant. Au fond, peu importe, ils ne seront pas les premiers à faire du sur place dans leur genre musical, sans que cela n’affecte la qualité des compositions. De toute façon, après avoir passé 16 ans à défendre leur cause, on se doute que SuidAkrA n’a plus forcément pour ambition « d’écrire l’histoire ». À ce stade, le mieux qu’on puisse leur souhaiter, c’est de garder le niveau.