Daniel Helin est un merveilleux poète qui a la grande qualité de ne pas se prendre au sérieux tout en disant des trucs loin d'être cons. Il est belge, ce qui rend jaloux beaucoup de monde j'imagine, et ce qui expliquerait qu'il reste essentiellement inconnu... Ce manque effarant de succès publique et de reconnaissance ne peut être dû qu'à une cabale qui veut que tout ce qui puisse paraître drôle, humain, intelligent et talentueux doive être condamné à un oubli relatif (non, parce que Daniel tourne régulièrement et ce contact avec la scène et le public suffit à son bonheur) par rapport à des gens que nous ne citerons pas ici, parce qu'on a pas envie de leur faire une publicité supplémentaire , quand bien même serait-elle négative.
Donc, ici, on parle du premier album de Daniel, sorti en 1999, mais qui resonne comme s'il etait sorti aujourd'hui, et qui est rempli jusqu'à ras bord de super chansons tour à tour vivifiantes, entraînantes , excellentes, boulversantes, amusantes, charmantes, jamais chiantes, revolutionnantes, et je vais m'arrêter là, parce que je sens que mes adjectifs partent un peu en couille... Un peu comme une chanson de Daniel Helin.
Les meilleurs moments de l'album sont assez nombreux, mais on citera: La Came fustigeant la beauté facile des paradis artificiels sans moralisme imbécile; Gendarmerie Blues qui pleure sur la vie des pauvres garants de la sécurité et qui lui vaudra sans doute l'ire des défenseurs de nos braves pandores; Ma Mère, plaidoyer pour l'arrêt de la volonté de se reproduire au sein de sa famille mais qui tend à l'universalité; les trois petits mots, poésie pure qu'il vaut mieux laisser s'exprimer seule; Crotte de chien où l'on apprend que la vraie merde ne se trouve peut-être pas sous nos pas; Skinette qui demontre la timidité des fachos lorsqu'ils sont seuls; ou la chanson qui clôture le disque: Loser, une chanson qui sent bon la révolte. Le reste de l'album est à l'avenant, et ne comporte aucune chanson faiblarde.
Bref, l'album résonne particulièrement en ces temps troublés et je vous le conseille. Si un seul de mes éclaireurs ou de mes abonnés découvre le travail de ce bon Daniel, j'aurai pas perdu ma journée . À noter que Helin a commis 5 Albums, et que chacun sonne de manière différente, le seul point commun étant la plume goguenarde, amusée, poétique, ironique, virulente, tout à la fois rigolarde et un peu triste, mais avant tout profondément humaine de ce brave Daniel