En mars dernier, Ben Weinman (guitariste de Dillinger Escape Plan) et Brent Hinds (guitariste et chanteur de Mastodon) annonçaient la création de Giraffe Tongue Orchestra (GTO), un supergroupe avec Juliette Lewis au chant. Depuis, le groupe a bien évolué ! Oust Juliette Lewis, c’est William DuVal (nouveau chanteur d’Alice In Chains) qui va finalement s’occuper des voix sur leur premier album: Broken Lines. La partie rythmique est quant à elle confiée à Thomas Pridgen (ex-batteur des Mars Volta) et Pete Griffi (bassiste de Dethklok). Une belle ribambelle qui a de quoi mettre l’eau à la bouche. Toutes ces paillettes peuvent également faire peur. N’ayez crainte, GTO à bien fait les choses et possède une identité singulière. Ouf…


Une entrée fracassante !


Le groupe n’y va pas par quatre chemins et nous attrape directement par le col de la chemise avec trois morceaux d’ouverture tonitruants. « Adapt Or Die » est d’une efficacité remarquable. Embelli par deux solo sous-forme de question/réponse, ce premier titre met en évidence les nombreuses qualités du groupe. À peine le temps de respirer, le plus progressif « Crucifixion » démarre à vive allure. Une fois de plus Thomas Pridgen délivre une partition sacrément maline (ce qui est le cas sur toute la longueur l’album). William DuVal quant à lui dévoile une voix poussée dans ses extrémités tandis que les deux guitaristes mêlent technicité et puissance.


« No-One is Innocent » déboule comme un tank avec une lourde introduction. Nos yeux brillent encore un peu plus lorsque que l’on découvre la suite du morceau. Rythme chaloupé, refrain marquant et harmonies vocales très inspirées de Alice In Chains sur certains passages. En trois morceaux et moins d’un quart d’heure, GTO vient d’imposer son style. Il n’y a plus qu’à se laisser guider.


Hymnes rock et groove inattendu !


Malgré l’immense qualité de l’album, il y a un titre qui surclasse tous les autres : « Back To Light ». Son refrain hypnotisant ne fait que renforcer le lâcher prise des couplets, où Weinman et Hinds semblent être en plein concours de qui à la plus grosse. L’apparition de la sauvage Juliette Lewis vient renforcer la folie qui se dégage du morceau, se terminant en freestyle total. Outre les hymnes rock d’une qualité indéniables, le supergroupe swing un peu plus sur « Everyone Gets Everything They Really Want » et « Blood Moon ». Deux titres assez groovy, qui viennent élargir encore un plus l’immense palette musicale de GTO.


Un bon groupe de rock n’est pas un bon groupe de rock sans sa petite balade. C’est « All We Have Is Now » qui vient remplir cette fonction sans grand succès. Faute au chant de William DuVal qui a du mal à s’adoucir. Dommage car l’instrumentation est vraiment au top. Un petit raté qui à tout de même le mérite de laisser l’auditeur reprendre son souffle.


Une bouffée d’air nécessaire en vue de « Thieves and Whores » digne des plus grandes fresques des Mars Volta. Le jeu de guitare de Ben Weinman est à son paroxysme, un vrai régal pour les amoureux des avalanches de notes. « Thieves and Whores » est un labyrinthe qui débouche sur le morceau final « Broken Lines », l’une des innombrables pépites de cet album. Ça part dans tous les sens pour revenir en permanence sur un refrain ternaire nous faisant tourner la tête. Chaque espace sonore est rempli par une guitare ou un chœur. De la folie !


Ce qui sur le papier pouvait faire peur s’est finalement transformé en album de génie. Mené à bout de bras par Ben Weinman, Giraffe Tongue Orchestra est un projet très excitant. Ce premier album est une belle promesse pour l’avenir du groupe. En espérant que les différents membres qui le compose auront le temps de s’occuper de ce très beau bébé.


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Valentin_Lalbia
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le 26 sept. 2016

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