Le line-up de Giraffe Tongue Orchestra à lui seul justifie l’écoute de Broken lines, car il réunit des membres (ou ex-membres) de groupes qui ont tous, dans leur genre, su imposer des identités fortes. Jugez plutôt : The Dillinger Escape Plan, Mastodon, Alice In Chains, The Mars Volta, et Dethklok (le seul que je ne connais pas)… Rien que ça.
Mais bon, les super-groupes, c’est aussi régulièrement la promesse de grandes déceptions. Ici, ça ne devrait pas être le cas, car au bout de quelques écoutes, on repère des structures ou des éléments qu’on apprécie chez les groupes pré-cités (des plans syncopés à la DEP, la batterie survolté d’un Mars Volta, le côté progressif et certains arrangements à la Mastodon…).
Le mélange se fait très naturellement et les 10 titres se situent dans une sorte de heavy-progressif très métissé qui parvient à n’être jamais indigeste (on a affaire à de sacrés techniciens qui auraient pu se laisser aller à des démonstrations techniques) et qui ne va pas non plus taper dans une musique calibrée. Il y a une sorte d’ambition à la The Mars Volta, en un peu plus accessible peut-être. Au bout de quelques écoutes, on s’incline devant la qualité des compos et certaines d’entre elles démontrent que GTO a ce petit quelque chose en plus pour ne pas qu'on le cantonne au side-project de luxe.
Le seul bémol que je soulèverais, c’est William Duvall. C’est un très bon chanteur (surout qu’il navigue ici avec aisance entre pas mal de registres) mais j’ai un vrai problème avec son timbre de voix et certaines de ses lignes de chant. Je trouve qu’il traine avec lui un côté heavy-métal un peu old-school qui m’avait déjà gêné sur les derniers disques d’Alice In Chains. Mais pour le coup, c’est purement subjectif et je pense que d’autres trouveront au contraire qu’il est un atout majeur du disque.