La réputation et l'acceuil critique réservé à Montage of Heck m'intriguaient. Il était clairement désigné comme un documentaire bien à part et éloigné des films érigés pour polir l'image d'une icône (et brosser le fan dans le sens du poil). Effectivement, le réalisateur propose autre chose que l'hagiographie du chanteur de Nirvana car on a plutôt le droit à un exposé sur les doutes et les parts d'ombres de Kurt Cobain.
Si c'est pour démontrer que ceux-ci constituaient la base de la musique du groupe, je vois pas trop l'intérêt (on s'en doutait un peu non ?). Et d'ailleurs, même si l'histoire de Nirvana n'est pas le propos, j'aurais apprécié de voir un peu plus de repères et d'explications quand aux éléments qui sont exposés (Krist Novoselic est juste présenté comme un "ami" de Kurt Cobain, on ne sait rien de l'arrivée de Dave Grohl dans le film ni de son rôle dans le groupe, on ignore tout de Sub Pop, de Geffen...) : on risque tout simplement de passer à côté de certains détails (les noms de groupes envisagés par exemple), si on ne connait pas déjà un peu l'histoire de Nirvana.
A contrario, Brett Morgen n'hésite pas à étaler des documents personnels du chanteur : on pille et on anime son journal intime, on étale des vidéos de sa vie quotidienne (avait-on besoin de voir Courtney Love, les seins à l'air, partager sa salle de bain ?), on met en scène ses photos de jeunesse (avec un musique bien appuyée pour faire passer de l'émotion)... Je m'attendais franchement pas à un tel déballage ! Et un déballage bordélique qui plus est, car le montage est assez confus (on a du mal à cerner une quelconque chronologie et des liens entre les différentes séquences d'animation, les interviews ou les extraits de concerts...).
Concernant la partie animation du film, vu que c'est un des points qui étaient mis en avant par le réalisateur, j'avoue que je suis mitigé : certaines idées d'animations (les raturages et la mise en scène de l'écriture des paroles des chansons ou des dessins de Cobain) sont très réussies mais le procédé est un peu trop fréquemment utilisé sur plus de deux heures pour ne pas lasser. Par contre, les séquences inventées pour mettre en scène des enregistrements sonores existants (appels téléphoniques etc...) sont elles, d'un intérêt très (très) limité.
En bref, Montage of Heck m'a laissé un sale goût dans la bouche. Alors même qu'il montre à quel point l'intrusion des médias dans la vie de Kurt Cobain a pu lui causer du tort, il participe selon moi, de cette entreprise voyeuriste qui consiste à fouiller les poubelles d'une star et ne s'intéresse que trop rarement au plus important : la musique.