Radio Birdman est un groupe australien formé en 1974 à Sidney autour de Rob Younger et de Deniz Tek, ce dernier ayant la particularité d’être né aux États-Unis dans le Michigan et plus précisément à Ann Arbor patrie des Stooges (que le monde est décidément bien petit) et d’avoir migré ensuite vers l’Australie.
Même s’il a été redécouvert depuis et en partie réhabilité comme il se doit, Radio Birdman figure parmi quelques uns des oubliés de l’histoire du rock et la formation demeure relativement peu connue en France, au delà d’un cercle restreint d’initiés et de « puristes » nostalgiques d’un certain rock.
Le Radio Birdman des années 1976/77 c’est quelque part un mélange du meilleur du rock de la fin des 60’s avec le meilleur de celui des 70’s.
Nous sommes en 1976 et, comme c’était déjà le cas lors de la période 1967-68, le rock évolue rapidement , est en pleine ébullition, en pleine révolution et cette mutation qui se prépare on en sent déjà l’urgence et les prémices poindre à chaque riff de ce « Burn my eye ».
Même si MC5 et les Stooges avaient déjà préparé le terrain le punk rock n’en est encore qu’à ses premiers balbutiements et voici donc que débarquent ces australiens de Radio Birdman proposant leur rock brut proche des Stooges (en plus clean néanmoins). On est déjà sur la brèche, sur le fil du rasoir juste avant l’explosion de 77. La tension est nettement palpable.
Ce premier mini LP (ou maxi 45 tours) de quatre titres met en effet déjà le feu aux poudres et sera suivi d’un véritable album en l’année suivante.
Avant de revenir au disque on se doit aussi de mentionner rapidement les Saints l’autre groupe australien de l’époque, tant les deux formations sont assez proches et évoluent dans le même univers.
Par rapport aux Saints (dont on peut saluer la mémoire de Chris Bailey leur emblématique chanteur décédé en avril) c’est peut-être ici moins punk (car il me semble difficile de coller cette étiquette à Radio Birdman), plus dans l’esprit et l’héritage directe des Stooges voire du pub rock britannique dont pas mal de formations australiennes s’avèrent finalement assez proches.
Dès l’entame c’est la voix chaude et grave de Rob Younger qui marque les esprits et qui laisse également entrevoir au delà du rock des influences noires américaines : blues, soul et Rnb.
« Smith and Wesson blues » l’excellent titre qui ouvre l’album est une bonne entrée en matière et déjà le refrain, magnifique, est dans votre tête pour ne plus vous lâcher.
Et surtout « I-94 » aux accords de guitares vraiment accrocheurs qui d’emblée en font un morceau qui sort du lot.
Ces deux titres, au delà de mener la danse, de poser les bases et de définir le style musical de Radio Birdman, ont quelque chose au niveau du refrain qui vous prend aux tripes. « Burn my eye » quant à lui est plus dans un registre rock traditionnel (j’allais presque dire australien), quasiment boogie. Idem pour « Snake » où un piano discret donne un côté plus léger au rock distillé.
On a là un excellent premier mini album, féroce, qui sent l’urgence mais malgré tout, et c’est là la spécificité, reste très classieux avec sa dose d’énergie mélodique et ses excellents refrains.
Un brulot, je pense que c’est le mot qui convient le mieux pour définir ce disque.
Le groupe, bien que dissous en 1978, va au fil des années et des décennies, avec d’autres, continuer grandement à influencer des générations de rockers et de punks et devenir une sorte de référence en matière d’intransigeance du rock, d’intégrité musicale.
Car Radio Birdman ne joue pas du rock il vit le rock. Tout ici sent l’authentique, la rage, la sueur, l’envie d’en découdre, les pubs enfumés de Sidney où le groupe a dû se battre pour faire ses premiers concerts.
« Burn my eye » c’est l’essence même du rock tel qu’il aurait toujours dû rester. Si les australiens n’inventent rien ils reprennent et réactualisent une recette des plus efficaces qui a le mérite de redéfinir en quatre morceaux les bases du « vrai » rock, pur et sans compromis , qui sort des tripes, celui qu’on aime. En 1977 Radio Birdman sortira l’excellent album « Radio appears » qui, pari plus qu’osé mais réussi, débute, par la reprise de « TV eye » des Stooges. Puis le groupe tirera sa révérence en 1978 mais j’y reviendrais très prochainement dans un autre article. En attendant faites vous plaisir avec ce « Burn my eye » à écouter très fort
Chronique initialement parue sur le webzine Rock alive :
https://lennon62.wordpress.com/2022/06/06/radio-birdman-burn-my-eye-1976/
I-94
https://www.youtube.com/watch?v=AwdDkkGXgDE