Cet album est d'avantage affaire de voyage que de musique. On y raconte deux d'entre eux. Ils ont été effectué par Aldo Romano, Louis Sclavis, Henri Texier et Guy Le Querrec en 1990 et 1993, organisés administrativement et financés par le centre culture français de Malabo. Ils avaient pour but de donner des cours dans des institutions africaines dans le cadre des séries « Jazz à… », menées depuis le début des années 1980 par les centres culturels français en Afrique et de s'imprégner de la musique locale. Ils ont également aboutis à l'écriture de 9 titres, à partir des souvenirs des artistes. L'histoire est passionnante donc je vous recommande vivement l'article wikipédia de l'album qui est très bien fournis et qui seras plus précis que je ne le suis.

Parlons peu, parlons bien, parlons de musique :
C'est un album riche, touchant, prenant, qui s'écoute d'une traite, dans l'ordre, à dévorer comme film ! L'ensemble des critiques s'accordent d'ailleurs pour dire que la synergie musique/images est indispensable à la compréhension de l'album, un "subtil jeu de miroirs au fort pouvoir d'évocation" dira Franck Médioni.

Je suis particulièrement sensible (en tant que clarinettiste) au jeu de Sclavis, que l'on peut entendre au sax soprano et à la clarinette basse, avec un jeu toujours juste, incisif parfois et où l'on peut sentir les influences Free Jazz qu'il apporte, comme sur les titre Daoulagad ou vol.
Dans ce trio, où Romano et Texier portent la section rythmique, Sclavis se retrouve soliste dans le rôle de la section mélodique. Il réussis superbement à tenir le rôle, avec un touché certain. Mention spéciale pour Entrave, ou Sclavis nous livre une performance virtuose et soigné au sax soprano, qui reste personnellement mon morceau préféré de Sclavis sur cet instrument.

Texier n'est pas en reste, il passe souvent devant, le temps d'un solo, dans les morceaux avec un carrure caractéristique du Jazz, comme Annobon.
Il délaisse quelque fois la section rythmique pour nous montrer toute l'étendue de son talent, comme sur Kokoro : Après une minute trente d'impro, il lance le leitmotiv caractéristique du morceau, rapidement rejoins par Sclavis au soprano. On a ensuite le droit à la deuxième partie de son impro maitrisée de bout en bout, mais pas question d'aller chercher a boire pendant qu'il joue, comme l'on voit souvent dans les boites de Jazz lorsque la parole arrive au contrebassiste. Après un appel ou il joue des doubles notes, Sclavis le rejoint pour terminer cette admirable performance qui est pour moi la plus marquante de Texier, sur un morceau de sa composition

Romano quand à lui nous livre une partition sage sur le morceau qui sonne comme étant sien, Bororo Dance. Véritablement fait pour lui, il est d'ailleurs à l'origine de la compostion. On y entend "les rythmes ternaires africains", qu'il décrit lorsqu'il parle de l'étape, selon lui, la plus marquante, au Ghana. Je ne peux pas ne pas mentionner la Standing Ovation (For Mandela), ou les rythmes de Romano, ainsi que lui même ne sont pas sage du tout et nous font vite comprendre la richesse du voyage qu'ils ont entrepris.

La bonne nouvelle c'est qu'ils y sont retournés ! On pourra donc entendre par la suite, les excellents Suite africaine et African Flashback (qu'ils composeront avec des photos inédites).
Le quatuor clôture ainsi ce magnifique triptyque, laissant derrière eux une oeuvre monumentale, acclamé et respecté, qui est composé d'album majeur du jazz français.

Ces albums sont une image fugace de ce que ce "grand monsieur" qu'est le jazz français à fait de mieux. Ils en sont le prolongement mais aussi des véritables propositions d'évolutions musicale.

labousedeMirabal
9

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Créée

le 10 mai 2022

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