J'ai cru halluciner en lisant les critiques françaises parlant de Rodrigo Amarante comme du nouveau Caetano Veloso, et j'ai grimacé en entendant mes amis, généralement plus avisés musicalement, reprendre le même discours... Alors, "vu du Brésil", clarifions les choses : Amarante n'est vraiment pas très connu ici, ses disques ne sont nullement considérés comme de la "MPB" à l'instar des grands musiciens du pays, mais du "rock alternatif national", et, plus important encore, son admiration déclarée pour Veloso ne le place d'aucune manière dans une position "d'héritier" potentiel du maître - qui n'en n'a d'ailleurs nullement besoin (il suffit d'écouter "Abraçaço" pour le comprendre...). Pour cela, il faudrait que Rodrigo ait une voix, ce qui est loin d'être prouvé à l'écoute de ce "Cavalo" des plus mornes, ou au moins qu'il ait la moindre notion de comment faire vivre l'âme de la musique brésilienne au XXIè siècle, ce qui lui échappe visiblement totalement. Oh, "Cavalo" n'est pas à proprement parler un "mauvais" album, c'est juste un truc de freak américain branché d'une insignifiance redoutable : reprenant par ci, par là, des bribes de bossa ou de samba, sans jamais en retrouver l'esprit, Amarante nous inflige surtout un folk dépressif, informe, pauvre en mélodies comme en sensations. Le genre de truc à écouter avant de sauter par la fenêtre après s'être défoncé avec ses copains des Strokes, peut-être, mais certainement pas l'avenir de la musique brésilienne. [Critique écrite en 2014]