Tour de France Soundtracks est le premier album 100 % électronique de Kraftwerk sans Karl Bartos (Autobahn voit certes le groupe se rapprocher de plus en plus de la « robot pop » qui a fait sa renommée, mais conserve aussi de l'aspect krautrock qui le caractérisait jusqu'alors), et à l'écoute de ce Communication, sorti d'ailleurs la même année, on peut dans un premier temps se demander s'il aurait sonné si moderne et en phase avec la musique électronique de 2003 si Karl avait été de la partie.
Le bougre semble en effet bloqué 10 voire 15 ans en arrière, en témoigne le vocoder dont il est fait usage sur la plupart des titres, le même déjà présent sur The Mix, et certaines sonorités tout droit sorties d'Electric Café. Ça ne semble pas forcément être en concordance avec l'aspect futuriste, visionnaire, etc. dont veut se doter l'opus, et en 2003, ce genre de trucs, ça n'a plus rien de révolutionnaire, une contradiction là aussi avec la révolution technologique que Communication semble vouloir aborder.
Le songwriting laisse aussi à désirer, car s'il est vrai que les paroles simplistes et les mélodies presque faciles existaient déjà chez Kraftwerk, elles apparaissent ici agaçantes de naïveté et de banalité, et ce n'est qu'à partir de la seconde moitié de l'opus que Bartos semble vouloir prendre un peu plus de risques.
Electronic Apeman a en effet une fin qui laisse espérer quelque chose de différent de ses prédécesseurs. Ça tombe vite à l'eau, mais Cyberspace et son aspect plus austère et mystérieux rattrape ces errances, bien que sa fin très « space ambient » aurait mérité d'être étoffée. Another Reality est elle aussi marquée par cette influence ambient.
Interview, Ultraviolet, et Camera Obscura laissent apparaître des influences plus modernes, et cela fonctionne carrément. On peut saluer l'usage d'un vocoder différent sur Ultraviolet, offrant une sonorité moins datée et pour le coup un peu moins commune également, et certaines phrases de Camera Obscura qui voient leur dernier mot « appuyé », de quoi apporter là aussi une once de changement.
En un sens, Communication symbolise donc un peu la confusion que l'arrivée des fameuses « nouvelles technologies » a pu semer : certainement que ça peut avoir du bon, vu que c'est ce qu'on dit partout, mais il faut laisser le temps à certaines générations de s'adapter...