Pas forcément connu du grand public, mais musicien fascinant, pratiquant la guitare comme le piano (on a ici ses 2 instruments de prédilection), Skip James enregistra ses 1ères faces dans les studios de la Paramount en 1931 et elles sont ici rassemblées : voix assez aiguë, plaintive, lancinante, qu’on dirait venue du tréfonds de son âme, jeu de guitare épuré mais d’une précision extrême (« Devil got my woman », « Four o’clock blues », « Be ready when he comes »…). Le plus étrange, c’est qu’après ces enregistrements, Skip a totalement disparu pendant 32 ans avant de revenir sur le devant de la scène quand il participe au festival de Newport en 1963 ! Il venait d'être retrouvé par de jeunes fans dans un hôpital. C’est le moment où la jeune génération américaine se passionne pour les pionniers du folk, sous l’impulsion d’artistes comme Pete Seeger et Woody Guthrie puis Dylan, redécouvre le blues acoustique et Skip James connait un vrai regain d’intérêt. Cream reprend son « I’m so glad » et « Hard Time Killing Floor Blues » devient un classique, repris par de nombreux artistes, dont les sœurs Lovell de Larkin Poe récemment. Quand, en 2003, Wim Wenders réalise un des films de la série blues produite par Martin Scorsese, « The Soul of a Man », il confie le rôle de Skip James à Ketih B. Brown. Une reconnaissance un peu tardive pour un musicien mort en 1969 mais qui a permis de mieux comprendre son importance (en particulier sur le rock). A noter que ce sont les musiciens de Cream qui ont payé sa note d'hôpital alors que skip était atteint d'un cancer ainsi que les frais de ses funérailles.