Agréable découverte de l'œuvre instrumentale de Domenico Cimarosa, compositeur napolitain du second 18e siècle, éminent représentant de la période classique (dès qu’on quitte Mozart et Haydn). Parmi ses admirateurs contemporains : Goethe, Catherine II de Russie, l’empereur Léopold II, Stendhal…

Il est surtout connu pour ses (70 !) opéras. Ici nous avons une sélection de musique concertante : pour piano-forte, pour flute(s) et pour hautbois. Belle interprétation par l’ensemble L’Arte dell’Arco, fondé et dirigé par Federico Guglielmo. Spécialisés dans la musique vénitienne du 18e siècle, ils remplissent fort bien le contrat.

Toutes les pièces sauf une sont en majeur, et l’album entier est empreint de légèreté. Aucune gravité, même dans le quatuor pour hautbois en la mineur. Charpentier décrivait cette tonalité comme « tendre et plaintive » ; ici on entend mieux le tendre que le plaintif. Dans l’adagio, un dialogue entre le hautbois et le pizzicato résume bien le caractère tranquille et bucolique des mouvements lents de Cimarosa.

Je retiens en particulier le concerto pour piano (si-bémol majeur, « Magnifique et joyeux » pour Charpentier, Mattheson précisant fort à propos « peut passer à la fois pour magnifique et mignon »). Il me semble, à l’oreille, que l’œuvre est interprétée sur un pianoforte, et non sur un piano moderne. Les notes ont en effet un son un peu plus métallique. Ce ne serait pas étonnant vue la période de composition (fin 18e), l’habitude de F. Guglielmo de jouer sur instruments d’époque, et surtout la présence d’Andrea Coen, pianofortiste et auteur de l’édition critique des 88 sonates de Cimarosa pour clavier.

Ce concerto est plaisant, une introduction assez opératique d’une minute laisse place au clavier qui brode allègrement autour d’une mélodie chantante. La pièce a tout à fait le caractère des premières œuvres du jeune Mozart.

Suit un concerto pour deux flûtes qui m’a l’air d’être l’une des œuvres instrumentales les plus connues de Cimarosa. C’est sympathique mais pas marquant. Les quatuors pour flûte qui suivent ne m’ont pas laissé une impression impérissable.

J’en viens donc aux deux sextuors (sol et fa majeurs) qui ouvrent le deuxième disque. Avec le concerto pour piano, ce sont les œuvres qui m’ont le plus plu. Les cordes sont énergiques, audacieuses parfois (voir le rondo du sextuor en sol, vers deux minutes). J’en aime aussi la sonorité. Beau largo du sextuor en fa majeur.

Enfin les trois quatuors pour hautbois, instrument que j’aime et pour lequel je suis toujours content de découvrir de nouveaux usages.

Pas vraiment de page inoubliable, mais des œuvres rafraîchissantes, une musique classique bien composée qu’on écoutera avec plaisir (en corrigeant des copies pour ma part). L’interprétation qui semble historiquement informée rend l’écoute intéressante : voilà peut-être les sons qu’on entendait à la cour de Léopold II ou dans les salons napolitains ?

LFBuete
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le 12 nov. 2022

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