Content Nausea, la dernière merveille de Parquet Courts
Parquet Courts est devenu en l’espace de deux ans un groupe indispensable sur la scène indie américaine. Light Up Gold, leur deuxième LP sorti fin 2012 était une petite merveille de garage rock poussiéreux, sale et pourtant réellement bien façonné. Les Brooklyniens ont mis à peine deux années avant de pondre la suite, Sunbathing Animal, paru en juin dernier et dont le succès fût à la fois critique et publique. L’année 2014 n’étant même pas encore terminée que revoici déjà nos amis rockeurs, mais cette fois-ci sous la forme de leur side project, nommé Parkay Quartz, composé de Andrew Savage, le leader et Austin Brown, guitariste, accompagnés par Jef Brown de Jackie-O Motherfucker et Bob Jones des Eaters. Sorti sur leur label habituel What’s Your Rupture?, Content Nausea allait encore frapper un grand coup dans le monde du rock indépendant.
Si sous leur nom habituel, les Parquet Courts sont plutôt affiliés au courant post punk, sous leur autre alias, ils changent d’univers et d’ambiance avec un rock plus calme, plus cérébral. Mais que les fans se rassurent, l’influence punk et underground est toujours présente, elle change juste de forme. Il suffit d’écouter les premiers morceaux pour s’en convaincre avec le simpliste et très nihiliste « Ever Day it starts » et le génial single « Content Nausea », dans lequel Savage alterne entre chant et quasi « spoken word », le tout avec des lyrics très romancés et plutôt critiques envers la société actuelle. La ressemblance avec les mythiques« The Murder Mystery » et « The Gift » des non moins mythiques Velvet Underground est frappante de par les guitares sales et cette alternance de rythme. Le groupe de feu Lou Reed étant une influence légitime pour tout groupe de rock alternatif, new-yorkais de surcroît, on n’est pas étonné de retrouver un peu de cette saveur sixties.
« Slide Machine » est une reprise du groupe de rock psychédélique des années 60 13th Floor Elevators, mais Andrew Savage y ajoute une touche plus orientée country que psyché avec un rythme lent et un jeu de guitare maîtrisé et subtil. Euphémisme, tellement le travail à la guitare des deux leaders est fabuleux dans ce domaine.« Pretty Machines », situé au milieu du LP est un long morceau esthétique, traitant avec noirceur de la société de consommation : « Pretty machines, Expensive magazines, I’ve been tricked into buying quite a number of things, Yeah, bullshit and dreams ». La chanson possède un refrain uniquement instrumental et la présence de cuivres rendent le tout parfaitement calibré. « Pretty Machines » s’impose comme le chef d’oeuvre de Content Nausea.
Autre reprise, plus surprenante cette fois, le classique de Nancy Sinatra « These Boots are Made for Walkin » qui est remis au goût du jour par Savage et sa bande. Audacieux et efficace, on ne peut que saluer l’initiative. L’album se conclut avec l’ambitieux « Uncast Shadow of a Southern Myth » , sorte de retour aux sources sudistes des deux leaders (ils sont d’origine texane). Ce morceau est une longue ballade de six minutes relatant une confrontation entre deux hommes du sud. Magistralement écrite, très complexe et finissant en apothéose musicale, ce morceau à la fois folk et punk termine de la meilleure des façons Content Nausea.
Ce nouvel album de Parquet Courts est donc un hybride entre leur garage rock abrupte et détonnant que l’on connaissait et une folk plus épurée, plus lente et beaucoup plus complexe, que cela soit au niveau musical qu’au niveau de l’écriture, atteignant ici des sommets. Sans aucun temps mort, Content Nausea est une réussite totale qui marquera cette année 2014.