Crack My Bones
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Crack My Bones

Album de The Shoes (2011)

Jusque là, Reims n'était pour moi qu'un arrêt contraint et forcé lors de certains trajets en TGV entre Strasbourg et Paris, tout au plus. A priori l'intérêt de l'arrêt Champagne-Ardenne-TGV est relancé depuis quelques temps, la banlieue créatrice hype french touch de Paris (ouais, c'est un peu lourd) s'étant déplacée en quelques années d'une cité des rois à une autre, de Versailles et son château, à Reims et ses sacres. Hier, Daft Punk, Air et Phoenix sur le RER C, désormais Yuksek, Brondinski, The Bewitched Hands ou The Shoes sur le TGV Est.

C'est avec The Shoes qu'on va commencer cette visite de la Champagne, puisqu'on aura l'occasion de les voir en live aux Eurockéennes de Belfort le week-end prochain. Leur album, Crack my Bones, sorti début mars, est une tuerie. Le duo n'avait pourtant rien pour s'entendre, musicalement parlant, l'un étant branché punk seventies, l'autre rap français. C'est difficile de se forger un univers commun dans ces cas là. Mais comme quoi dès qu'on insiste avec le Champagne, tout est possible (avec modération tout de même) : Guillaume et Benjamin ont su bâtir un duo qui leur ressemble.

Les débuts, après un exil à Bordeaux sous le nom de The Film, se font entre potes, à la Cartonnerie de Reims (comme quoi, il n'y a pas qu'à Strasbourg que les petites salles ont des noms de manufactures délocalisées). A gauche trainent les instrus de ceux qui deviendront The Bewitched Hands, à droite trônent les platines de Yuksek et Brondinski. Ou inversement.

Les premiers EP cartonnent. People Movin' permet au groupe de franchir la Manche. Ils en reviendront avec de nombreuses collaborations avec des artistes d'outre-tunnel et l'idée d'un album qui germe. Crack my Bones, ce premier album enregistré dans l'East London, est donc sorti en mars dernier. Les morceaux phares de ces EP précurseurs s'y retrouvent bien entendu, mais Crack my Bones va bien au-delà d'une compilation d'anciens morceaux.

Un excellent premier featuring (déjà en écoute sur DedaleSonore) ouvre l'album avec le rare mais non-moins talentueux Esser, le tubesque Stay the Same. Le résultat est tout bonnement addictif : la basse, la batterie et les synthés rappellent les Klaxons de la première heure. Ca sonne anglais, mais c'est bien rémois. Suit le très funk Cover your Eyes, emmené par Timothy Bruzon, le chanteur des Wave Machines. Le chant est très pop, accompagné d'un piano entrainant et d'une batterie marquée. Déjà en écoute sur DedaleSonore également, People Movin' est entonné par la sensation anglaise Primary 1, qui a eu le privilège d'être le Single of week dans le NME, c'est pas rien. Plus mesuré mais tout aussi groovy, c'est ce morceau qui avait fait traverser la Manche aux Shoes. Ce trio de tubes introductifs Stay the Same – Cover your Eyes – People Movin' est tout simplement kiffant.

Venu en voisin, Antonin Ternant des Bewitched Hands fait également une apparition marquée sur l'album, en se manifestant sur trois morceaux. Le premier, Time to Dance, pourrait bien devenir l'hymne du groupe tant le morceau est doté d'une efficacité imparable. A placer quelque part entre That's not my Name des Ting Tings et les longues plages répétitives de LCD Soundsystem. Mais Antonin ne s'arrête pas là, puisque suit Crack my Bones, plus planant, plus dark, très envoutant, quasi trip-hop. Il remet ça une dernière fois (il en faut pour les autres) sur The Wolf under the Moon, avec l'excellent Gonzales qui donne une dimension nouvelle aux instrus. Les chants sont très frais, les rythmes enlevés, le résultat est très mélodieux. Dernier featuring, Cliché avec Anita Blay (aka Cocknbullkid), est un peu moins intéressant, tirant vers des accents R'n'B.

Au-delà de ces collaborations, The Shoes montre aussi que la réussite de cet album ne tient pas qu'à leurs amis mais aussi à eux-mêmes. Bored, à l'esprit plus urbain que le reste de l'album et aux sonorités assez froides, leur avait valu une apparition dans la série Gossip Girl. L'electropop Wastin' Time est mélancolique et aérien à souhait. Investigator clôt l'album en beauté sur presque 9 minutes. Le morceau est taillé pour le dancefloor, la mélodie accrocheuse, la basse et les percus très réussies.
alfextra
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le 5 mars 2012

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