Si le Peuh! de Lofofora, sorti dans la même année 1996, avait fait l'effet d'un gros parpaing reçu frontalement sur la trogne, sur la plage fusion (genre ou mouvement mélangeant principalement musique rock et chant rap ou l'inverse qui pullulait dans les années 90 après l'émergence de Rage Against The Machine) existait un autre groupe qui sortit un chaudron brûlant et tout aussi explosif qu'est Cynique.
En ouverture, "Le Pouvoir" chasse d'entrée le couvercle pour ébouillanter et est une vive attaque contre l'ordre établi, qui avait suscité aussi à l'époque un procès à l'encontre du groupe suite à une partie des paroles visant avec virulence Jean-Marie Le Pen. "Bad Brain Killer" se faufile tel un serpent en injectant son rap bluesy assassin, les refrains hurlés accompagnés d'une guitare tranchante. Dans "Otages", des sons de scratch se glissent l'air de rien sous un tapis musical agressif et groovy. Le posé mais tendu "La Peine" passerait encore très bien dans l'époque actuelle, face à toutes ces douleurs conflictuelles au nom du Très-Haut que se font les hommes entre eux. Religion = Poison ? Ou même face à des justifications uniquement politiques en Son Nom, ce qui est souvent le cas ...
Le fait est que Cynique, même s'il semble sonner un petit peu daté, reste un bon album référence à celles et ceux qui se demandent ce que signifie le mot fusion encore aujourd'hui, dans le monde musical : ici un chant rap aux textes engagés et protestataires accompagnés des sons de guitares virant souvent vers le punk ou le hardcore, sans oublier quelques bonnes épices hip hop, groove, blues et même un soupçon de jazz par moment (je ne sais plus quand).