DUM SPIRO SPERO par Walküre
Il aura fallu attendre un certain pour que les occidentaux admettent que les musiciens japonais soit à leur niveau , pour ce qui est du metal extrême, bien au dessus. C'est donc logiquement que Dir En Grey nous assène ici encore une claque magistrale.
Au début de la formation,ils jouaient une musique se rapprochant plus de la Jpop voire du Jrock. De l'album Missa jusq
u'a Kisou,on va dire que c'est pas forcément ce qu'il y a de plus intéressant à écouter. C'est rock,c'est pop,mais ça n'invente rien. Ca reste dans le chemin tracé par X-Japan quelques temps avant. Vient l'année 2003 avec l'album Vulgar. Un album beaucoup plus orienté metal. On notera l'utilisation récurrente des accordage en drop (pour ceux qui ne savent pas,le drop c'est la descente d'un demi ton de la corde grave ). Notamment sur la chanson Obscure. Vient ensuite l'année 2005 et Withering to Death. Ici c'est pareil,nous nous situons vers un coté encore plus metal. La voix est (enfin) beaucoup plus travaillée. Et chose étrange, le coté mélodique du groupe commence à se mettre en avant. Pour cette raison le groupe perdra de nombreux fan (surement les lecteurs assidus de Hard and Heavy). Le réel tournant de la carrière metal de Dir En Grey se fera en 2007 et avec la sortie de The Marrow Of a Bone. Là,les japonais commencent à taquiner très très sérieusement les grands noms du metal (ils vont faire une tournée avec Korn et par la suite avec Slipknot). La voix est toujours plus travaillée et les musiciens repoussent encore une fois leurs limites.
2008 est une année qui fera perdre encore des fans à Dir En Grey. Uoroboros nous est livré avec en plus une touche clairement metal,des influence jazzys (oui vous avez bien lu.) et progressives se cotoient parfaitement. La question que beaucoup se sont posé c'est "ils vont vraiment loin là. Ils peuvent faire encore plus complexe?".
Réponse avec cet album.
Alors alors... Dans un premier temps,ce qu'il faut noter dans cet album,c'est le coté Death Metal fortement prononcé. La voix de Kyô est encore une fois très travaillée. Pour beaucoup de spécialistes (musicaux et vocalistes) il s'agit surement de la voix la plus complète du monde du metal. Beaucoup reprochent au néo-classique de l'école Malmsteen de faire une étendue de virtuosité guitaristique. Pour le coup,on peut dire que Dir En Grey fait la même chose. Mais avec la voix de Kyô. Durant cet album,il couvre en effet toutes les octaves possibles.
La question qui se pose sur cette voix est la suivante : "doit on voir sa voix comme un instrument à part entière ou comme un accompagnement?". Il y a plusieurs réponses.
Un chanteur de death metal aussi polyvalent ça ne se fait pas. Donc on peut vraiment déguster cet album pour ces changement de voix suraigue/ultra bas.
On peut aussi saluer la complémentarité parfaite entre sa voix et les instruments (je vais bientôt y venir). Tout est vraiment milimétré parfaitement et on sent un gros gros gros travail derrière.
Les instruments. Ici ça va être très très difficile d'expliquer le travail des musiciens.
Bon,dans un premier temps ce qu'il faut expliquer pour ceux qui ne connaissent pas Dir En Grey (ou qui les découvrent juste) c'est leur évolution musicale et donc instrumentale. Le but des musiciens de Dir En Grey est plutôt de créer une ambiance qu'une mélodie. Dans ce cas, on ne peut pas vraiment regarder leur travail comme d'autres musiciens. Mais! Mais, depuis un certain temps on peut réussir à entrevoir un guitariste plutôt Lead et un autre plutôt rythmique au cours des petits chorus. Voila pour l'explication.
Donc,la première chose que l'on remarque (avec un minimum de bases) c'est qu'on se heurte à un mur sonore. C'est en cela que le coté progressif est très très présent. La musique gagne encore en densité et en compléxite. (les derniers fans de Dir En Grey sont vraiment parti lire Hard and Heavy).
On ne peut pas parler réellement d'utilisation des guitares comme le font Meshuggah (qui font énorme travail rythmique mais qui tournent en rond depuis Chaosphere) mais vraiment comme un instrument d'ambiance. L'ambiance est lourde,très lourde et sombre. Presque oppressante. Les parties sont relativement alternées. Des fois ça va très vite, et d'autres fois on entend bien les notes détachées une à une dans une atmosphère très glauque.
On notera aussi l'accordage très très bas des guitares. Nous sommes en drop A. Les guitares sont des 7 cordes MAIS,à la différence d'autres groupe orienté Death, Die et Kaoru utilisent toutes les cordes de leur instrument. Il ne s'agit pas réellement de dextérité d'un point de vue technique mais plutôt d'un travail vraiment centré sur la cohérence.
J'ai discuté avec différentes personnes connaissant parfaitement le monde guitaristique et beaucoup m'ont dit "ouais mais c'est limite des robots quoi. C'est trop parfait c'est trop coordonné. C'est pas du metal. Blablabla".
Sur le fond,Dir En Grey reste un groupe de metal. Même si c'est un groupe très très éclectique qui n'hésite pas à sortir des sentiers battus. Et d'un autre coté,sur la forme,sur le travail apporté, ce sont de véritables jazzmen (référence à "un joueur de metal joue 2 notes devant 10 000 personnes alors qu'un jazzman joue 10 000 notes devant 2 personnes").
La basse reste vrombissante et confirme qu'elle n'est pas à mettre au second plan. Toshiya semble avoir ENFIN compris que son groupe n'est pas un vulgaire groupe de metal (à savoir jouer une corde à chaque chanson).
La batterie aussi a connu de gros gros progrès. Shinya était avant décrié pour son manque de groove et de dextérité. Son travail a payé car il fait parti des tout meilleurs batteurs. Ses rythmes saccadés et sa double pédale font merveille dans cet album.