Difficile d'expliquer en quoi Damogen Furies est brillant. Squarepusher est un artiste particulièrement apprécié dans son domaine, ce qui n'empêche pas pour autant sa musique d'être très typée, difficile d'accès. On peut d'ores et déjà affirmer que cet album est une continuité logique d'Ufabulum sorti il y a trois ans, dans un délire technoïde très marqué par les néons et les fulgurances visuelles, choses que l'artiste expérimente encore plus dans ses lives. Ufabulum avait cette sobriété et ce goût d'une musique intelligente, à mi-chemin entre techno et dance, tout en essayant de conserver une direction qui, pourtant, peinait à garder le rythme sur certains tracks. L'album était néanmoins magnifique, d'une noirceur sans égal malgré son accessibilité.
Damogen Furies va nettement plus loin. Est-ce l'aboutissement de cette expérimentation ? Difficile à dire mais il est évident que Squarepusher s'est un peu plus limité en termes de structure, proposant moins de tracks mais une percée beaucoup plus directe dans son univers. Un album brutal, entre mondes fantastiques dans Stor Eiglass puis plus sombres dans D Frozent Aac. Passant par des tracks à la violence gratuite comme Rayc Fire 2 (d'une virtuosité inimaginable) ou un Exjag Nives doux, élégant. Ce qui est impressionnant, c'est avant tout la capacité qu'à l'artiste de s'affranchir des règles sonores sans pour autant dresser un mur entre lui et l'auditeur, car loin de ses premiers albums, Damogen Furies est finalement très abordable pour tout amateur d'électronique.
D'une grande clarté, cet album est d'une richesse que tout amateur d'électronique se doit d'apprécier. A nous dresser les poils sur la tête, Squarepusher montre qu'il sait être un virtuose comme un artiste populaire. Ses lives sont d'ailleurs là pour en témoigner.