Bien étrange duo que Remote. Pourquoi si peu de notoriété, d'apparitions, d'activité ?
Tout d'abord, leur nom, télécommande, pas très pratique pour être trouvé directement sur les moteurs de recherche, ni sur youtube, ni sur spotify, ni sur RIEN. Mais Remote signifie également, reculé, isolé, loin des sentiers battus. Pas trop mal en fait comme blaze....
De plus, en tant qu'habitué des soirées techno dans le Sud de la France (dont nous pouvons être fiers vu les artistes qui viennent jouer dans nos contrées), je n'ai absoulement jamais vu une seule affiche, un seul line-up, une seule soirée qui programmait Remote (ils viennent de Paris mais c'est pas une excuse). Aucun marketing, aucune promotion, rien pour diffuser leur musique à part quelques EP, des vinyles et leur présence sur quelques sites consacrés à la techno (discogs, SSS).
Alors volonté de rester discrets où manque de moyens ? Je pencherais pour un choix de rester peu médiatisés et indépendants, couplée à un manque de promotion évident et peut-être volontaire.
Il semblerait que les créateurs de ce bijou qu'est Dark Enough soient à l'effigie du titre de leur album. Cachés, terrés je dirais même, on pourrait les imaginer cloîtrés dans leur studio, lumière tamisée, des vapeurs de cannabis innondant la pièce et masquant leur visages.
Pourtant, leur son a tout pour faire bouger les foules et secouer les cerveaux. C'est une techno noire empruntée d'electro progressive et tortueuse, mais toujours précise, jamais trop expérimentale. C'est extrêmement nerveux, parfois saupoudré de voix (ce que d'habitude je ne peux pas supporter dans la techno), mais une grosse, une vilaine voix, supportée par des basses distordues, grasses et non-linéaires qui renforcent les ténèbres dans lesquelles nous plongent Sinister Boogie.
On sent que le titre de l'album est une sorte de blague que les djs nous lanceraient a la fin d'une écoute privée : "Alors, assez dark pour toi ?"
Toutes les tracks ne se valent pas dans l'album, mais il y a un corps uniforme qui à aucun moment ne tombe dans l'exagération, le trop plein de snares ou la saturation des basses.
Veron, la track Nr4, illustre parfaitement l'esprit de l'album. Entre mélodie et industriel, dance et isolation, la maestria avec laquelle les deux djs parisiens arrivent à trouver une continuité et à créer un son complètement indépendant est juste brillante. J'aurais jamais pensé qu'ils tourneraient le son comme ils l'ont fait.
Leurs autres productions sont dans la même veine, mais jamais comparables à l'atmosphère, l'ambiance dans laquelle on se trouve après une écoute complète de Dark Enough.
Quelque part entre Extrawelt et Lucy, Remote se cache et ne fait profiter que les fouines de l'internet, à mon grand regret...
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