En Mars 2012 sortait Darksun. Il s’agissait là d’un projet net et sans bavures, d’un Nakk Mendosa technique, qui a fait de son flow saccadé sa réelle marque de fabrique. Nous voici 4 ans plus tard avec Darksun II entre les mains. Est-il meilleur ? Moins bon ? Différent ? C’est le moment de le découvrir.
Il est réputé pour frapper ses phases à la syllabe près et faire ressortir la puissance des mots à travers son flow. Darksun II n’est aucunement une exception à la règle. En effet, nous retrouvons Nakk tel que nous l’avons toujours connu et c’est agréable. Un peu plus expérimenté, toujours un peu plus inspiré et une plume qui ne tombe jamais dans la médiocrité, pourtant actuellement omniprésente dans le milieu du Rap français.
Pour la pochette de l’album, Nakk a fait appel au maître suprême en la matière, Fabrice Fournier aka Fifou. Une sobriété visuelle fidèle au titre du projet, un shoot relativement sombre partiellement ponctué de zones de lumière, la cohérence est là et le résultat est plutôt chouette. En ouvrant le boîtier, on ne tombe pas sur les habituels remerciements mais sur un message touchant destiné au défunt frère du MC, Jackson. Un message court mais intense, qui nous laisse présager que Narcisse a travaillé cet album le plus profondément et rigoureusement possible.
Il s’agit là d’un projet impossible à cataloguer ou à classer, si ce n’est dans le domaine du Hip-Hop francophone sous sa plus belle forme. Nakk Mendosa a su raconter des histoires au fil de l’écoute, toutes différentes mais qui nous ramènent toutes à une valeur qui se perd largement chez les emcees, l’intégrité.
Des invités de choix
Nous le savons bien, Nakk est réputé pour le prestige des invitations sur ses différents projets. Nous avions d’ailleurs apprécié presque tous les featurings sur Darksun. Cette fois, nous avons apprécié TOUS les featurings sur Darksun II. Peu nombreux puisqu’au nombre de 3, ils suffisent et sont minutieusement choisis.
Par conséquent, nous retrouvons le grand Lino (Ärsenik) sur « Ne Me Juge Pas », Nekfeu & Mac Tyer sur le remix d’ « Altitude » ainsi que Joe Lucazz & Dixon sur le remix de « Kurt Cobain ». L’un des points fort de Nakk reste son écriture qui mériterait qu’on y porte toujours plus d’intérêt. Dans les featurings de l’album, pas de supériorité ou de combat d’ego palpable. Juste de belles combinaisons qui résultent sans aucun doute d’une bonne entente artistique.
Diversité maitrisée
Bien qu’il soit parfois difficile de comprendre tout ce que Narcisse essaie d’exprimer au sein de son univers unique et des images souvent très personnelles, nous avions préalablement apprécié NDE (Noblesse, Dignité, Elégance) et Astral. En écoutant l’album, d’autres morceaux sont à pousser sur le devant de la scène -plutôt deux fois qu’une- de par la qualité de leur réalisation. C’est ainsi que « Mourir en chantant », « Élodie » et « Le Temps D’Une Vie » viennent former le Top 3 de notre rédaction.
Il a pourtant été difficile d’en isoler quelques-uns puisque chaque track apporte sa pierre à l’édifice solide qu’est cet album. Mention super méga spéciale pour « Mama », qui reflète des pensées honnêtes via une excellente technique. Dans « Au Calme » extrait de Darksun, Nakk disait « Ni sauvage ni macho, ne me catalogue pas ». « Un Cœur En Or » ou encore « Caillou » sont les agréables preuves qu’on peut s’exprimer sur tous les sujets sans pour autant baigner dans la vulgarité et sans jamais négliger la musicalité. La qualité des écrits de Narcisse restera définitivement sa meilleure arme, qu’il a su allier à la modernité des prod’ choisies pour cet opus.
Quinze titres et nous n'en jetterions aucun. Darksun II vient confirmer ce que nous savions déjà : Nakk Mendosa détient l'un des potentiels les plus conséquents du Rap français. On ne peut lui souhaiter que la visibilité qu'il mérite et la Sacem de Billie Jean, le reste il l'a déjà.