Déjà-Vu par Strangeman57

    Au départ, je voulais faire comme si je n'avais rien entendu. D'ailleurs, pour vous, fans de toujours, il est mieux d'ignorer ce come-back comme s'il n'était jamais sorti. On est tellement à des années lumières que ce que l'Italien avait pu sortir dans les années 70/80. 

Souvenirs (d'une faste époque musicale que je n'ai pas pu vivre)... les hits Disco à la pelle pour Donna Summer, les BO de Scarface, Midnight Express, l'Histoire sans fin, FlashDance... l'accumulation de tubes intemporels ; "Call me", "Take My Breath Away", "Together In Electric Dreams" et enfin ses albums solos m'ayant le plus touché que ce soit "From Here to Eternity" ou "E=MC2"... Certes, il y a eu quelques ratés comme la soundtrack pour la version couleur de Metropolis mais jamais ces ratés n'avaient atteint le niveau d'un "Déjà Vu".

Non, cet album est bel et bien sorti, il va falloir que j'en touche deux mots, ayant été marqué par l'oeuvre de Giorgio, bien avant que les Daft Punk le ressortent de sa cave...

Oui, "Giorgio By Moroder" est un bon morceau. Son accueil positif par les fans d’Électro (et par les mélomanes en général) a du agir sur Giorgio au point à ce qu'il se sente pousser des ailes. On l'aime toujours et en plus, il sort d'un buzz : quel moment plus propice pour sortir un nouvel album après 30 ans de quasi-silence ? Puis, ça devrait nous faire plaisir à nous, fans un peu trop noyés dans la nostalgie. Ce "Déjà Vu", il l'a sorti pour nous remercier - d'ailleurs, le titre l'ouvrant s'intitule bien "4 U With Love" - ... il aurait mieux fait de le garder pour lui...

Avec R.A.M, Daft Punk a rendu hommage à une certaine époque, à leurs influences... avec "Déjà Vu", Giorgio tente de s'adapter à la notre, en pensant qu'elle ne se résume qu'à de l'EDM, cette Dance/Pop moisie et formatée promue par Guetta ou Avicii (je ne cite que les plus connus car je n'ai jamais voulu m'intéresser au mouvement). Et c'est là que la mousse tache... Ce n'est plus de la soupe, car passé par les vieilles platines de Moroder, ça en devient de la pisse.

Même si la production compressée s'aligne avec brio sur le côté moderne et tapageur, Giorgio semble complètement dépassé par ses morceaux, par ce qu'il comptait faire... adapter ce qui lui reste de groove Disco à l'EDM. On arrive à des résultats souvent trop fragiles et incohérents pour en faire des tubes.

Le premier single "Right Here, right now" (qui me laissait pantois le jour de sa sortie... et ça n'a pas changé) s'avère être le tube le plus réussi de l'album malgré son sample robotique agaçant. Puis bon, c'est toujours un plaisir de retrouver Kylie Minogue, ambassadrice d'une Synthpop retrouvée dans les débuts des années 2000, et que j'aimerais personnellement de nouveau entendre sur les ondes mainstream... mais bah...

D'ailleurs, niveau Muses, Papy Moroder avait le choix vu le nombres de chanteuses ayant sonné à sa porte... Il n'arrive même pas à leurs hauteurs. Même pas à la hauteur de Britney Spears (à qui il fait chanter l'air d'une pub pour une assurance il me semble), c'est pour dire ! Que le titre pour Charlie XCX soit mauvais, normal, ça ne lui changera pas de d'habitude... Même le "Diamonds" répété gravement ne suffit pas à le rendre attrayant.

Mais bordel, il arrive même à se planter avec Sia en lui offrant un ersatz Disco aux arrangements symphoniques dépassées, typiquement 80's et à la fausse vibe Niles Rodgers. Ça ne se marie en aucun point avec la prod' EDM. 'Tain... même Guetta avait réussi sa collab' avec Sia...

Puis Père Giorgio continue le massacre avec Kelis, Foxes et autres chanteurs mainstream sur lesquels je n'ai pas forcément envie de me renseigner. Le pire, ça reste quand même "La Disco". Seul avec son Vocoder et ses machines, on s'imagine quand même qu'il va s'en sortir... et ben non ! Je ne sais pas ce qu'il a branlé au mixage, mais les hit-hats sont complètement désynchronisés du reste , ce qui donne lieu à un gros bordel d'amateur... de toute façon, même si ce défaut avait été arrangé, pas sur que le morceau aurait été meilleur.

Stop, il faut que j'arrête d'en parler... Ça me fait du mal d'être aussi vache avec ce qui reste pour moi un génie de la production électronique pré-80's. Il y a un passage au milieu de l'album presque potable avec l'un après l'autre, "Right here, right now + Tempted + 74 is the new 24"... Et encore, ce n'est sûrement que mon envie de croire que c'est bon qui lutte contre la médiocrité réelle de l'ensemble... "Déjà Vu" est un raté. Déjà oublié. Faites comme moi.

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