L'infortunée
Killmonday avait commis le brillant Fran Bow en 2015. Je n'attendais pas moins d'excellence dans leur récent Little Misfortune. La patte graphique, la thématique horreur-enfance, tout semblait...
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le 27 mars 2022
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Longtemps, j'ai guetté des nouvelles du côté de Genghis Tron qui était rentré en dormance après son formidable "Board Up The House" de 2008 (album qui m'aura foutu les poils comme jamais). Mais las, faute de signe de vie, je me suis résolu à enterrer le groupe et mes fols espoirs.
Voilà qu'au printemps 2021, contre toute attente, le groupe annonce, sans fracas, un nouvel album.
Une différence de taille cependant, le fondateur et hurleur en chef, Mookie Singerman, manque à l'appel. La première écoute sera salée et sera marquée sous le signe du deuil. On ne retrouvera pas ici ces longs morceaux qui progressent inexorablement vers un déchaînement de violence. Pas de violence, ou alors feutrée, pas de cris, pas de guitares frénétiques, pas de blast-beats.
Le successeur de l'électrisant "Board Up The House" avorte en pleine montée. Comme si le manège tombait en panne juste avant la grande descente.
Frustration, je crie ton nom.
Mais que reste-t-il alors du Genghis Tron d'antant ? Il reste déjà ces boucles électro hypnotisantes appuyées par ces batteries saccadées. Car Genghis Tron ce n'était pas que de la violence, c'était aussi une maîtrise de la tension. Et ils n'ont pas perdu la main, la tension est belle et bien là, appuyée par un chant clair faussement paisible pour créer un effet de décalage.
L'album ne remplissant pas mes attentes a fini au placard mais j'ai fini par y revenir. On doit reconnaître déjà que le groupe ne s'est pas perdu, il a évolué. Treize ans, c'est le temps de se ranger, d'évoluer, de changer ses priorités. De perdre la fougue de la jeunesse mais de gagner aussi une acuité sur le poids du monde et sa machinerie implacable.
Implacable, voici le maître mot de cet album. Pas de délivrance contrairement aux autres albums. La tension n'est qu'un éternel recommencement. Il est donc moins fougueux mais plus subtil, plus insaisissable que les précédentes décharges brutes d'énergie. Ici prime la résignation et finalement une certaine contemplation du temps qui s'écoule. La vieillesse, la maturité, appelez ça comme vous le voulez mais Genghis Tron passe le flambeau de la colère brute à plus jeunes qu'eux. Ils n'ont cependant pas perdu en gravité, en résolution, en pertinence.
"Tout se transforme" disait Lavoisier. Il en va des gens comme de la musique.
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Créée
le 19 janv. 2025
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