Le plus ahurissant et respectable aspect de l'oeuvre avancée d'Eden Ahbez, reconnu comme étant le premier hippy des Etats-Unis et l'un des plus emblématiques (vegan soixante ans avant tout le monde, logeait sous un des L de Hollywood et dormait à la belle étoile), c'est sa connaissance des codes musicaux et de son esthétique propre à l'époque mariée à son regard à la fois mystique et théorique sur ceux bien plus orientaux, exotiques, qu'ils soient purement musicaux comme l'utilisation régulière de flûtes ou religieux ("je suis tout le monde, je ne suis personne").
A l'écoute de cette courte compilation sortie en 1960, dynamique (bossa, jazz dans un esprit showtime) comme purement mystique ("The Wanderer", "The Old Boat" ou "La Mar" pour ne citer qu'eux), Eden's Island n'est jamais embêtant, jamais tracassant compte-tenu du personnage et de sa vision incroyablement utopique et idéaliste du monde qui l'entoure.
Comme il est amusant de mettre la main sur cette curiosité, presque unique dans le paysage musical américain (rappelons qu'Eden Ahbez a composé le titre "Nature Boy" pour Nat King Cole, standard absolu des années 40 et n°1 huit semaines), oeuvre d'un personnage complètement barré assumant totalement tout ce qui est et a été entrepris à la fois musicalement et spirituellement, quitte à n'être compris que par lui-même.
"When I am awaking, the storm was over
And the sea was calm,
It was strange and wonderful
Like seeing the world and seeing through the world"