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Enfin une bonne nouvelle en 2020 : on a droit à un nouvel album du légendaire Imposs (Muzion) après une attente de plus de 8 ans. Suite à l’album Peacetolet paru en 2012, le rappeur a fait quelques collaborations et des chansons en anglais, mais ses grands admirateurs attendaient un nouvel album avec fébrilité. Après avoir lancé la moitié de l’album sur les différentes plateformes numériques, c’est aujourd’hui le grand jour : on peut écouter ÉlévaZIIION (Société distincte) au grand complet.
Lorsqu’un rappeur oeuvrant dans la musique depuis les années 90 lance un album en 2020, soit quatre décennies plus tard, on peut être inquiet. Est-ce que ce dernier saura se réinventer, se moderniser ou restera-t-il pris dans son époque? Et bien Imposs est comme un caméléon : il a su s’adapter aux nouvelles couleurs proposées par le rap au fil des années et son nouvel album le prouve, encore une fois. Rien n’est périmé.
Les instrumentaux des différents producteurs sont au goût du jour. Parmi ceux-ci, on y retrouve, entre autres ; Banx & Ranx, Ruffsound, Ajust et Farfadet. Comme à son habitude, Imposs s’amuse avec plusieurs styles de musique différents au fil du projet. On peut y entendre du rap sous plusieurs variétés (Don’t forget et Daisy sont plus old school tandis que C’est pas c’que tu penses, Gaillance et J’ai essayé sont plus trap), de la musique pop et latine (Odsü, Lacheté, Sans lendemain) et de la musique aux sonorités africaines (Jaco). On peut évidemment entendre Imposs rapper dans la majorité de l’album, mais on l’entend aussi chanter sur Lacheté ou Carry on, par exemple. Il nous prouve, encore une fois, qu’il n’est pas seulement qu’un rappeur, mais un vrai artiste multidisciplinaire et accompli. On a aussi droit à des collaborations avec la majorité des grands rappeurs du moment comme Loud, Lost et Tizzo, pour ne nommer que ceux-ci. Imposs prouve donc qu’il connaît la game d’aujourd’hui et qu’il reconnaît le talent indéniable des nouveaux venus, ce qui prouve encore une fois son adaptation.
La mine du crayon d’Imposs est toujours aussi aiguisée et efficace. C’est sans aucun doute l’un des rappeurs québécois ayant la plume la plus fine, et ce, depuis toujours. Si on n’est pas familier avec l’écriture du vétéran, on comprend rapidement qu’il est un poète aguerri dès la première pièce du projet :
“J’disais tout l’temps
Qu’est c’ t’as, j’ai rien à perdre gars
J’ai vu la merde gars, ma mère me voit comme un délinquant
Elle me dit que mon temps je perds ça
Fallait que j’perce, j’vis pas pour comment le monde me perçoit
Pour ma fille j’suis déjà sept millions de fois ce que je voulais que mon père soit”
“Le temps c’est la variable mensongère,
Intemporelle, même si la tâche elle est immense, on gère,
Apparemment, mon aura est trop accaparant,
Dès quelqu’un s’approche, il veut que j’m’occupe de lui comme son parent”
– Trop à perdre
Évidemment, ceci n’est que la première chanson de l’album, mais c’est comme ça tout au long de l’album. Cette chanson est d’ailleurs une référence à Rien à perdre, pièce mythique du groupe Muzion.
Un point négatif, si c’est le cas, serait que l’album est long (1 heure 23 minutes). Aujourd’hui, les gens sont de plus en plus habitués à des créations plus courtes qu’on peut consommer rapidement. Les albums sont un peu délaissés par la masse (au grand désarroi de nous tous au Canal Auditif) pour laisser place aux simples et aux listes de lecture. On aurait donc peut-être pu répartir le tout sur deux albums, par exemple, un premier EP de 6 chansons et un album avec les 14 autres. Les longueurs auraient sûrement disparu dans le cas échéant et le tout aurait pu être bénéfique côté marketing.
Au final, ÉlévaZIIION (Société distincte) reste un des meilleurs projets de l’année 2020 pour ce qui est du rap d’ici. Tout le monde peut y trouver son compte, autant les fanatiques de rap boom-bap de l’époque Muzion que les jeunes admirateurs de trap, sans oublier les purs amoureux de musique de tous genres. Imposs est l’un des meilleurs rappeurs de tous les temps au Québec, peut-être même celui en tête de liste.