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Pour The Shape of Water, son dixième long-métrage, Guillermo del Toro (Le Labyrinthe de Pan, Pacific Rim, Crimson Peak) nous livre une histoire d’amour hors du commun entre une femme plutôt singulière et une créature amphibie.
Le tout se passe dans les années 60, Elisa (Sally Hawkins) et Zelda (Octavia Spencer) sont des ménagères dans un grand laboratoire des États-Unis géré par un patron imbu de lui-même, Strickland (Michael Shannon). C’est alors qu’une nouvelle bête arrive au laboratoire pour se faire étudier. Elisa et cette bête aquatique commenceront à communiquer et à échanger des choses. Une puissante relation en découlera. Cette histoire vient nous toucher profondément. N’importe qui ayant déjà été en amour peut comprendre ce qui se passe entre les deux personnages, même si l’un d’entres eux n’est pas comme nous, n’est pas humain. L’amour est plus fort que tout et ce film en est la meilleure preuve. C’est drôle de penser que le même homme qui a fait des films d’action comme Hellboy, Pacific Rim ou Blade II peut nous livrer une histoire si douce, romantique et sincère. C’est probablement l’un des plus beaux films d’amour de ces dernières années.
Le film est visuellement magnifique, et cela pour plusieurs raisons. Les images filmées par le directeur de la photographie, Dan Laustsen et Guillermo Del Toro sont à couper le souffle. C’est surtout grâce aux décors fournis par Paul D. Austerberry que le DOP peut nous livrer de si belles images. Il y a aussi les choses qui viennent se fondre dans le décor tel que les costumes (Luis Sequeira), les décorations (Jeffrey A. Melvin et Shane Vieau), et la direction artistique (Nigel Churcher) qui aident grandement à la beauté de ce que l’on aperçoit à l’écran. Del Toro a su rassembler les meilleurs éléments pour que son film soit merveilleux, voire esthétiquement irréprochable.
D’ailleurs, son travail de réalisateur est plus que brillant. Les raccords entre les scènes sont d’une délicatesse troublante. Il y a aussi beaucoup de références à de vieux films de l’époque dans laquelle se passe le récit (les années 60). Del Toro voulait sûrement souligner les films qui l’on influencé en leur faisant une place de choix dans son œuvre d’art. Si c’est le cas, c’est très ressenti. Le titre de meilleur réalisateur aux derniers Golden Globes était plus que mérité.
Tous les acteurs sont exceptionnels. Que ce soit Sally Hawkins dans le rôle principal d’Elisa, une ménagère muette et solitaire prête à s’attacher à tout, Michael Shannon dans le rôle de Strickland, le patron détestable à qui nous aurions envie de faire des choses très méchantes et Richard Jenkins en tant que Giles, un artiste visuel raté à la recherche de l’homme de sa vie. Il ne faut surtout pas oublier l’acteur Michael Stuhlbarg (Dr. Robert Hoffstetler) dans le rôle de l’enthousiaste scientifique et l’actrice Octavia Spencer (Zelda) comme collègue ménagère d’Eliza qui nous donne aussi de fortes prestations pour leurs rôles un peu plus effacés.
Évidemment, la musique du film nous transporte dans le récit d’une manière très délicate. C’est le français Alexandre Desplat (derrière la musique de film telle que The Grand Budapest Hotel, The King’s Speech et The Imitation Game) qui s’en est chargé. Comme le film, la musique qui l’accompagne est fine, en toute subtilité, souvent guidée par des airs de flûtes. Il y a d’ailleurs une pièce très importante qui dure presque onze minutes. Du grand Desplat, encore une fois. Pas pour rien qu’il a gagné le Golden Globes pour la meilleure musique originale.
Ce film est un classique instantané qui fait couler des larmes sur nos joues. C’est peut-être le tournant de la carrière de Del Toro, sa meilleure œuvre jusqu’à présent. Un chef d’œuvre à en devenir.