Lâcheté et mensonges
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Puisqu’on vous dit et vous répète ici que la vitalité du Rock garage à travers le monde est telle que cela nous importe bien peu que la vaste majorité de la population terrestre écoute du rap, du r’n’b ou de la pop qui n’a de « pop » que le nom, on vous emmène cette fois à Porto (O Porto, soit LE port, pour parler correctement) au Portugal écouter Sunflowers, qui vient de publier l’un des albums les plus réjouissants de cet hiver tempétueux : car voici un duo (Carolina Brandão à la batterie et Carlos de Jesus à la guitare), devenu trio pour cet album avec l’arrivée d’un bassiste (Frederico Ferreira), aussi cool qu’audacieux qui a compris que John Dwyers et ses Oh Sees ont ouvert un boulevard dans lequel devraient s’engouffrer tous les musiciens qui n’ont ni froid aux yeux, ni souci de respecter les genres quels qu’ils soient.
"Endless Voyage", qui succède à "Castle Spell", est le troisième album de nos Portuenses garage-psychés en 4 ans, est donc un disque furieusement punk – dans le sens où il est impossible de rester immobile en l’écoutant, et au contraire fantastiquement plaisant de sauter en l’air en agitant les bras et la tête dans tous les sens – mais aussi un machin formidablement intrigant, avec un sentiment de chaos inhabituel, et avec cette manière décontractée de nous proposer des pauses régulières au milieu de la furie sous forme de bidouillages électroniques sans queue ni tête. Le tout donne un mélange bouillonnant de naïveté quasi enfantine et de virulence jouissive, qui distinguera Sunflowers de leurs nombreux concurrents. Cette approche quasi primitive de la musique touche juste, aussi bien au cœur qu’au bas-ventre, et l’abandon un peu régressif que génère "Endless Voyage" est certainement pour beaucoup dans le plaisir qu’il nous donne.
L’album nous est présenté comme une réflexion sur la fin du monde et l’impact des technologies sur notre psyché : un « voyage au travers d’un esprit décadent perdu dans une réalité qui n’est pas la sienne » qui fleure bon les délires hallucinés des années 70. Du coup, on regrettera forcément que cette musique soit principalement instrumentale, hormis quelques vociférations impérieuses en anglais çà et là, car on imagine combien des textes en Portugais – une belle langue musicale s’il en est – auraient encore augmenté la magie toute paradoxale de Sunflowers. La prochaine fois, peut-être ?
[Critique écrite en 2020]
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Créée
le 24 févr. 2020
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