C'est entouré d'une batterie de musiciens élevés aux grains que ALAN SIMON publie ce qui pourrait s'apparenter à un tour de force celtique-prog, à la fois calibré pour les charts et non dénué d'ambitions. A la première écoute, le second volet de la trilogie « Excalibur » nous met au pied du mur : le constat est sans appel, le contrat rempli dès les premières notes d'un « The Celtic Ring » arrangé par ALAN PARSONS himself.
L'influence manifestée de bout en bout pour le maître sonique (comptons également JETHRO TUL, CAMEL et BARCLAY JAMES HARVEST aux rayons voisins) transporte aisément cet objet non identifié au-delà des clichés à la française. En poursuivant la belle aventure du premier volet (l'histoire se situant cette fois avant le mythe d'Arthur), ALAN SIMON fascine par un processus de vases communicants où chaque invité s'abreuve à la fontaine allant bien au-delà du simple cacheton amical. Fatalement, on ressent parfois le besoin de s'évader : le temps d'instrumentaux aériens (« Tuatha de Danann », « Dragon Breath », « Pilgrims »), fruits festifs que les musiciens de FLOOK prennent la peine de consommer avec une gloutonnerie de bon aloi.
La longue gestation (8 ans quand même) et son accouchement champêtre permet à cette collection en trois actes de jouer les équilibristes raffinés. Aidé par le chant des icônes JON ANDERSON (le cristallin « Circle of Life »), JOHN WETTON, FAIRPORT CONVENTION, MARTIN BARRE, DAN AR BRAZ, JACQUI McSHEE'S PENTANGLE ou JUSTIN HAYWARD (« Hearth & Sky »), la magie opère également avec le timbre céleste de MADDY PRIOR que l'on confondrait facilement avec la dame folk JOAN BAEZ autour des arpèges lavés à l'eau clair de « Secret Garden ».
Comme un jeu de miroir, ALAN SIMON n'a pas seulement regardé en arrière. Il est également parti à l'aventure aux côtés de quelques savoureuses révélations : la jeune KARAN CASEY (« The Girl and the Demon ») ou les frenchy de MERZHIN (le tripant « De l'autre côté » seul titre en français du lot). Un amalgame sortant parfois du pré carré (« Call » avec LES HOLROYD un peu mielleux) mais doté d'une rare aisance d'écriture ; une facilité à broder de belles chansons qui, l'air de rien, vous trottent longtemps dans la tête.
Obsessionnel. La production semble avoir occupé notre homme qui a fignolé ce travail avec une rare minutie, tout comme ce beau packaging auréolé d'un DVD plutôt chiadé sur la création de cet imparable « Excalibur II » (sous-titré « L'anneau des Celtes ») qui vous expédiera loin du bruit et de la fureur alentour.
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