Eyedazzler 1992–1996
7.5
Eyedazzler 1992–1996

Compilation de Alison’s Halo (1998)

C'est prenant, c'est beau, c'est Alison's Halo

L’émotion en musique.


Cette donnée si rare qu’on cherche désespérément au fur et à mesure que notre culture musicale (et donc notre exigence) augmente. On aura beau jouer aux critiques sûr de nous, toujours à la recherche de la moindre parcelle d’innovation dans ce que nous écoutons, ou bien de la moindre trace de ce quelque chose qu’il est toujours bon de qualifier d’expérimental ou d’avant-gardiste alors que la frontière avec le grand n’importe quoi reste finalement assez fine, la finalité reste la même. Nous recherchons finalement ce qui nous remue les tripes.


Qui connait Alison's Halo et surtout, qui s’en soucie ? Ma chronique est condamnée à sombrer dans les abimes du site mais si j’écrivais pour être lu, je ne perdrais pas mon temps avec eux et je m’attellerai immédiatement à la rédaction d’une critique sur le dernier Daft Punk.


Alors oui, c’est encore du shoegaze et je risque d’être souvent élogieux avec les groupes de cette scène. Mais comme je suis un des rares Francophones à m'intéresser à fond à ce courant, alors me voilà.
Pourquoi chroniquer une compilation déjà ? Tout simplement parce que ce groupe, comme beaucoup d’autres, n’a jamais eu l’occasion de sortir d’albums mais seulement des EPs à cause d‘un manque de reconnaissance que soit de la part du public ou des critiques.
Originaire de l’Arizona, il constituait avec Lovesliescrushing et quelques autres une petite scène locale bannie de la mémoire de beaucoup aujourd’hui, même si quelques uns ont eu la bonne idée de la faire connaitre via ce formidable outil qu’est l’internet.


Ce qui rend cette compilation exceptionnelle, c’est qu’elle ne souffre pas des incohérences qui sont le trait principal de ce genre de disque. Il est homogène et les chansons se suivent sans donner l’impression qu’elles n’ont aucun liens entre elles. Il reste la musique, ce shoegaze gracieux dont les musiciens capables réussissent à le rendre passionnant avec une maitrise instrumentale pourtant quelconque.
La section rythmique est là pour jouer son rôle, c’est-à-dire porter ces chansons vers les sommets tout en laissant la place aux dialogues entre le brouillard de guitares, les notes cristalline de la basse et la voix tellement touchante car personnelle de Catherine Cooper.


Des grands moments, il n’y a que de ça sur ce disque. Le tonnerre des guitares couplés aux voix venues d’ailleurs sur « Chime », la grâce immortelle de « Slowbleed » entre ses moments intimistes et la furie des guitares (l’influence sur le post-rock est particulièrement voyante). Quand à la mélodie de « Leech », elle ferait fondre le cœur de n’importe quel guerrier viking assoiffé de sang.


Vous trouvez que j’en fais trop ? Écoutez donc ce disque et osez dire qu’il n’y avait pas quelque chose ici... Vous savez ? Ce petit détail qui nous fait dire que tel groupe était grand, alors qu’ils jouaient comme leurs pieds. Ce machin qu’on appelle le feeling, l’âme ou je ne sais quoi encore. Cette composante si insaisissable qui renforce l’aura des chef d’œuvres.


Cette chronique traine de toute façon en longueur. Ce pavé que je suis obligé d’écrire juste pour vous convaincre de vous intéresser à ce groupe, alors que j’aurais pu tout simplement le résumer en quelques mots : la sincérité, l’authenticité, l’émotion, la beauté (sans la guimauve) et la maladresse tellement voyante qu’elle en devient touchante (Catherine Cooper hésite entre son chant de petite fille et celle d’une jeune femme)... Tout ceci, est regroupé ici.


Chronique consultable sur Forces Parallèles.

Seijitsu
8
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Créée

le 1 août 2015

Critique lue 113 fois

2 j'aime

Seijitsu

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