⚠️ Une maintenance est prévue ce Mercredi 4 décembre de 9h00 à 13h. Le site sera inacessible pendant cette période.

20 ans après, rien n’a changé pour Kitchens of Distinction.


A la fin des années 1980, ils étaient parmi les groupe précoces à anticiper la vague shoegaze des 90s. Dans les années 2010, ils furent également les premiers à sortir un album de reformation. Toujours en avance en sur les autres donc… Et pourtant toujours autant à côté de la plaque. Car ils sont finalement restés une petite bande de seconde zone récoltant, au mieux, un statut culte.


Patrick Fitzgerald et ses potes ont l’habitude d’être mis de côté. Eux qui se démarquaient avec leurs revendications LGBT ainsi que leur son oscillant entre le post-punk et la jangle pop, il fallait s’attendre à ce qu’ils restent ce trio à part dans une musique qui l’était déjà au sein du rock alternatif. Incapable de fédérer surtout qu’ils n’ont jamais eu la chance de connaitre un succès commercial comme Lush à la fin de leur carrière.


Folly a tout l’énième épreuve du retour discographique et on sait que cela sera forcément en dessous de leurs meilleurs disques. Ce n’est pas la peine de dire le contraire, les vieux groupes n’ayant jamais la même inspiration que lors de leurs jeunes années. Kitchens of Distinction a néanmoins un mérite pas forcément courant dans ce genre d’entreprise : ils ne regardent pas en arrière. Ce 5ème effort studio étant une évolution de leur dernier opus paru au milieu des 90s (Cowboys and Aliens).


A chaque fois, ça ne loupe pas, les Anglais commencent leurs albums avec une chanson envoûtante. « Oak Tree » démarre d’une manière classe et émouvante grâce à la voix, reconnaissable entre mille, de Patrick Fitzgerald. Elle a un peu vieilli tout en gardant ce charme inimitable qui en fait un remarquable interprète. Rien qu’à l’entendre, des souvenirs remontent à la surface. Même en étant en deçà, « Extravagance » et « Disappeared » continuent sur cette si bonne lancée dans un univers plus placide qu’à l’accoutumée mais au fort pouvoir psychédélique.


Hélas, c’est à contre cœur que je dois admettre que le reste de cette Folly n’est pas aussi captivante. Si les arrangements sont féeriques, les chansons, elles, ne sont pas mémorables et un peu trop pataudes. En voulant chercher à évoluer sans renier son passé, KOD récupère les défauts de Cowboys and Aliens. C’est-à-dire ce classicisme qui les faisait viser la mode britpop et surtout l’absence de leur dynamisme post-punk.
La comparaison avec leurs meilleurs faits d’arme fait mal, puisqu’il manque clairement le souffle épique d’un « Drive That Fast » ou d’un « When In Heaven ». Ce souffle étant apporté par la section rythmique et qui n’est désormais qu’un simple balancement hypnotique. Cela fonctionne bien quand les chansons sont solides (« Tiny Moments, Tiny Omens », « I Wish It Would Snow » ou encore « No Longer Elastic » qui se passe carrément de la batterie grâce à une ambiance sombre et étrange). Beaucoup moins quand elles sont peu marquantes ou qu’elles sont ratées (le refrain de Wolves / Crows tape sur le système car trop geignard et les chœurs de « Japan to Jupiter » sont excessivement niais).


En dépit de ses qualités et de la forte personnalité des gonzes, Folly porte mal son nom. Bien trop sage pour être captivant, insuffisamment mélodique pour marquer et pas assez psychédélique pour faire voyager, il est l’exemple typique du skeud de reformation. Ni bon, ni mauvais.


Le plus regrettable dans cette histoire, c’est que le groupe, en cherchant à avancer, a hérité des tares de beaucoup de formations de shoegaze actuelles. Notamment cette manie de privilégier la beauté des arrangements au songwriting. Ce qui donne cette désagréable sensation d’entendre des gens capables de bien mieux mais s’enfonçant dans une mollesse rêveuse typique de la dream pop de notre époque. Et quand on a écrit de magnifiques pièces de rock héroïques telles que « What Happens Now? » ou « Railwayed », cette régression formate nos attentes au plus bas vis-à-vis d’une nouvelle offrande de leur part. Ce qui est très dommage pour une bande aussi attachante.


Chronique consultable sur Forces Parallèles.

Seijitsu
5
Écrit par

Créée

le 29 juil. 2017

Critique lue 38 fois

Seijitsu

Écrit par

Critique lue 38 fois

Du même critique

Split
Seijitsu
9

Chef d’œuvre sous-estimé

Dès les premières notes de "Light From a Dead Star", on sent que quelque chose a changée. Fini la reverb maousse de Robin Guthrie, le son de Lush s'est grandement aéré et les chansons en deviennent...

le 22 juil. 2015

19 j'aime

Giant Steps
Seijitsu
9

Kaléidoscope musical

Qu'est-ce qui sauve un disque de l'oubli ? Sa qualité intrinsèque ou la progéniture qu'il engendrera ? S'il y avait une justice en ce bas monde, c'est la première caractéristique qu'on retiendrait en...

le 15 août 2015

16 j'aime

Badmotorfinger
Seijitsu
10

Enfin maître du grunge

1991: The Year Punk Broke. Il serait surtout plus juste d’affirmer qu’il s’agit de l’explosion médiatique du rock alternatif Américain, voire du rock alternatif tout court. L’année de la découverte...

le 2 mars 2016

16 j'aime

1