Esprit libre certes, mais pas en libre-accès

Enregistré en 1975 par Mary Lou Williams (piano), en trio avec Buster Williams (contrebasse) et Mickey Roker (batterie). La réédition CD (ce qu'on trouve sur Spotify par exemple) compte 4 pistes bonus :



  • Baby Man #2 (7:56)

  • Free Spirits #2 (5:04)

  • Ode to Saint Cecile (5:55)

  • Surrey with the Fringe on Top (2:58)


Cet album tardif de la pianiste Mary Lou Williams est irréprochable, mais m'a laissé assez froid, au moins à la première écoute. Et à la deuxième. Et à la troisième... un peu moins. Je ne sais pas s'il faut mettre cet accès un peu fastidieux au crédit (complexe donc d'abord difficile) ou à la défaveur de l'album.
Techniquement, c'est irréprochable. Mais musicalement cela m'a peu ému. À la première écoute, je ne me suis pas surpris à swinguer, je n'ai pas réécouté les mesures qui venaient d'être jouées... Cardiogramme plat.


Il y a pourtant de vraies qualités, que je peux nommé après quelques ré-écoutes. J'ai réellement apprécié la contributions du bassiste, avec de beaux moments dans Baby man (2e prise) et All blues notamment. Les morceaux sont "lisibles" - si j'ose dire -, impeccables expositions des thèmes, harmonie et mélodie sont suffisamment classiques pour être plaisantes (oui je suis terriblement vieux jeu).
Le thème d'All blues a un délicieux air de famille avec Cantaloupe Island - et sachant que bassiste et batteur ont travaillé de près avec Hancock je me demande si c'est un hasard ? Je n'arrive pas à me défaire de la proximité des premières notes de Temptation avec le générique de Tintin, et ça m'amuse beaucoup. Le blues a la part belle et c'est indéniablement réussi.


Mais il reste un je ne sais quoi qui fait que cet album ne rentrera pas dans mes favoris. Peut-être est-ce justement son côté irréprochable qui en fait une sorte de "bon élève" du jazz, dont on ne peut pas médire mais qui n'est pas pour autant attachant. Tout l'album me semble taillé du même bois, sans trop d'aspérités, ou pour employer une autre métaphore, peint dans les nuances d'une seule couleur. (Je remarque, sans que ce soit un défaut, que le batteur est passé assez inaperçu à mes oreilles). Accords plaqués à la main gauche, petites saillies de grappes de notes à la main droite... je crois que c'est ce manque de diversité des voix qui me lasse un peu dans cet album.
Bémol à ce reproche : c'est peut-être une envie un peu circonstanciée, dans une période où j'écoute plus de vocal et de vents, et où le piano jazz me semble plus froid et moins chantant.
Mais bon, dans la Zodiac Suite par exemple, M-L Williams m'avait offert de plus beaux moments musicaux.


Un vrai bon album donc, mais qui ne m'a pas bouleversé et que j'aurais même pu traiter avec indifférence si je ne m'étais pas obstiné à le ré-écouter pour y découvrir ses qualités.
7,5/10, arrondi à 7 parce que je ne pense pas à y revenir très souvent. L'avenir le dira.

LFBuete
7
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le 28 déc. 2021

Critique lue 9 fois

LFBuete

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