On ne compte plus les groupes de Metal s'inspirant de l'univers créé par le bon vieux Tolkien. De Gorgoroth, Cirith Ungol, Balrog, Ringwraith à Minas Morgul, Numénor, Amon Amarth, Ephel Duath et sans oublier Carach Angren, Summoning et Burzum, le monde la Terre du Milieu continue de fournir de bons groupes officiant principalement dans le Black et le Folk. Les petits belges d'Ithilien formés en 2005 ont mis le temps avant d'accoucher de leur premier album, "From Ashes to the Frozen Land". Sorte de mix grossier entre Ensiferum, Wintersun et Manegarm, leur Folk puise ses influences dans le Melodeath et quelques atours Heavy bien placés.


Difficile de décrire les chansons comme étant véritablement épiques, surtout lorsque vient s'ajouter à la douceur folklorique de la cornemuse et du clavier les agitations extrêmes de la batterie et des guitares quelques peu rigides. Ithilien ne veut pas faire dans de l'Eluveitie ou du Heidevolk. Ce qui prime avant tout c'est la vitalité d'un chant Death rouillé et la vivacité des riffs de guitares pour constituer le corps principal de la musique. Mais tout est dans le dosage, on sent tout de même la présence du Folk. Il n'est pas rare que le chant se calme pour laisser la place à la cornemuse ou à des mélodies plus précises. La musique du groupe est très proportionnée, il n'y a pas de surprise dans l'équilibrage interne des titres et de ce fait, aucune mauvaise surprise. Tout est calculé et prévisible. On pourrait qualifier la composition du groupe de méthodique tant l'application des différentes parties (intro de peu d'instruments, corps principal et refrains, moment acoustique/Folk dégagé, ...) se fait clairement entendre. Pas de desseins alambiqués ni la volonté de quelque chose de compliqué.


Ithilien ne veut pas s'engager complètement dans une seule voie. A l'écoute de cet album on ne voyage pas corps et âme, embarqué dans une terre imaginaire pour vivre moult aventures, comme le font d'autres groupes Folks plus ancré dans un macrocosme créé spécialement pour servir leur musique et album. Si leur son est beaucoup plus terre à terre que d'autres groupes du même genre et de même facture musicale, les belges ne laissent rien au hasard. Tout est orchestré de manière à agencer une structure tout ce qu'il y a de plus classique et une incarnation prosaïque des instruments. Une précaution qui leur vaut de ne tomber dans aucune redondance artistique (à trop vouloir en faire on se casse parfois les dents) et de nous offrir un résultat bien rythmé, accrocheur, gorgé de mélodies scandinaves bien trempées et puissamment marqué par leur désir guerrier belliqueux, organisé autour d'un clavier tempêtant et d'une cornemuse sans retenue, surtout sur "A World Undone".


Le ton de l'album peut être difficile à cerner. "Unleashed" fait la part belle à un rythme endiablé, une batterie rapide, une basse très lourde, des riffs de guitares nerveux et un chant Death/Black. "Through Wind and Snow" tape dans le Wintersun avec un clavier omniprésent donnant la réplique à tout le reste, un chant plus hurlé et frotté et des guitares mélodiques. Avec "Drinking Son" c'est la camaderie à la Korpiklaani et "A World Undone" se défait de cette bonne humeur pour rattacher Ithilien à un Folk à la fois dur et romanesque. Le morceau s'articule sur un élan fantastique mené par la cornemuse, le clavier et l'envolée des guitares. Ainsi, aucun titre de l'album ne reste dans la même approche Folk que les autres mais sont tout de même garant d'une unité quelque peu cavalière même s'ils ne traitent pas le son comme une homogénéité implacable et indivisible.


En définitive, "From Ashes to the Frozen Land" ne révolutionne pas le Folk Metal, mais c'est un travail honnête et mené jusqu'au bout. Ithilien n'en est qu'à ses débuts et c'est en commençant de cette façon, simplement et prudemment, qu'on tente ensuite de nouvelles choses, qu'on se perfectionne et qu'on en vient à apporter quelque chose à un genre saturé. Wait and see.

Créée

le 11 mars 2018

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