Evidemment je connaissais les musiques utilisés dans Matrix, reprenant pour l'une les sublimes variation d'Elgar et l'autre Furious Angel développant une ambiance apocalyptique avec des airs de trip-pop et de musique classique, mixés avec une voix écorchée et rauque.
Rob Dougan, compositeur australien est à la frontière des genres ici : entre Massive Attack, Beck, Portishead voire Bjork, développant un univers musical pour le moins original, très peu aseptisé par rapport aux productions de l'époque et surtout très sombre. Car la première caractéristique du style de sa musique c'est sa noirceur, déjà par la voix, éraillée et rauque qui résonne gravement dans tous les chansons. La seconde caractéristique c'est l'utilisation de la musique classique et des bandes sons orchestrales, à l'image de Nothing At All qui reprend du Chopin. La troisième composante musicale c'est l'électronique : synthétiseurs qui viennent prolonger en nappes les mélodies, effets sonores sur la voix, comme une coda vocale obtenue par une pédale loop (ou un appareil équivalent) sur There's Only me. La quatrième composante c'est la dimension trip pop de la musique, en cela l'album est bien de son temps et dans la lignée d'autres grands groupes célèbres de l'époque : sur Nothing At All, une ligne de basse dessine une mélodie très entêtante, reprise ensuite à la guitare et développée à l'envie dans des morceaux assez longs, soutenue par des percussions sourdes et typiques de ce genre musical. Le tout est parfaitement produit et arrangé. Chaque morceau révèle des variations, des petits détails, des superpositions, des effets. C'est ce qui sépare l'interprète du compositeur. Ici, Rob Dougan maitrise toute la chaine de production musicale et ça se ressent. La moindre note est parfaitement à sa place.
L'ambiance est sombre, presque désespérante, parfois éclaircie par des pauses musicales comme Instrumental. L'album se permet à peu près tout d'ailleurs avec une liberté peu conventionnelle. Et ce n'est que plus appréciable. Le mélange des genres ici fait merveille, associé qui plus est à des paroles assez mélancoliques, des histoires de ruptures, de perte et de deuil ; bref, collant à l'ambiance musicale. A écouter pour l'originalité. Pour plonger dans une ambiance noire et sombre mais irradiante de beauté.