Milk & Honey
"Le plus connu des musiciens folk sixties dont personne n'aie jamais entendu parler." Ainsi s'exprime très justement un journaliste dans un article dédié à la mémoire de Jackson C. Frank, mort en...
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le 17 oct. 2013
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Je m'baladais, sur Internet, le cœur ouvert aux trucs pas nets,
J'avais envie d'aller m'frotter à n'importe quoi.
N'importe quoi, et ce fut eux, et ils s'en montrèrent si heureux,
Qu'ils entamèrent la chanson la plus fausse du monde.
Voilà, Mumbles c'est un de ces petits miracles anodins qu'on rencontre par hasard (ou presque, merci Tito00) au détour d'un bandcamp. Un coup d'œil au texte introductif nous apprend leur devise, soit : "T'as pas besoin d'être musicien ou de savoir jouer d'un instrument pour participer, passe juste nous voir régulièrement." Un auditeur averti en vaut deux, on n'aura pas été trompé sur la marchandise : les berlinois de Mumbles vivent et se nourrissent de leur amateurisme assumé, de la plus pure démarche DIY à la punk : "je ne sais pas jouer, je ne sais pas (du tout) chanter, mais qu'à-cela-ne-tienne voici mon disque (ou bien ma cassette, en l'occurrence) et je l'ai fait(e) tout seul. Et je ne sais VRAIMENT pas chanter moi hein, je ne plaisante pas moi ma bonne dame". Comment vous décrire ça – ce serait con de passer à côté d'une belle occasion de balancer de l'analogie. Lui (Krisho) chante comme un Mayo Thompson bourré qui aurait avalé un chat et inhalé du gaz hilarant, ratant tellement chaque note qu'on se demande s'il n'a pas une compréhension de l'harmonie tout simplement différente de la nôtre. Si vous ne connaissez pas Mayo Thompson, tapez donc "Mayo Thompson Horses" sur YouTube, vous comprendrez mieux. Elle (Dori) de son côté, sonne comme une des Slits qui, levée de bonne heure, la tête dans le cul, aurait recraché ce même chat, lançant sa voix à l'assaut d'une note comme on essaie de toucher une cible en tir à l'arc après avoir tourné dix fois sur soi-même. Tout est faux, les obsessionnels de la justesse feraient mieux de passer illico leur chemin sous peine d'être pris de vertiges incontrôlables, les autres, les bienheureux, s'amuseront comme des petits fous, hilares devant les efforts décalés des deux vocalistes, se délectant de chaque nouveau pain avec une gourmandise coupable.
Geese My Eyes, donc, a tout du machin enregistré entre potes (mais pas à l'arrache, attention), dont le contenu proviendrait soit de longues sessions d'improvisations où chacun essaye un peu n'importe quoi dans son coin jusqu'à ce que quelque chose d'intéressant émerge, soit de bluettes qu'un membre amène avec lui pour que le reste de la troupe tricote autour. Dans la première catégorie, on retrouvera par exemple "Capo Song", pièce instrumentale surprenante et intense qui exploite semble-t-il l'idée de taper sur les cordes d'un guitare avec les baguettes du batteur (ou avec la paume de sa main, allez savoir). Une idée con, un grand morceau, paf. Dans la seconde catégorie on pensera à "Pling Pling" et sa complainte folk-punk geinte à tue-tête par mademoiselle à l'organe instable à grands coups de "Aaand in the end, you will die in my hand, and now I know, I'll never die alone, I wil diiie at home" qu'on se surprendra à fredonner sous la douche. Tout comme cette K7 au final, qui pourra s'avérer monopoliser plus souvent qu'à son tour la playlist de votre petite vie comme elle a monopolisé la mienne. C'est que le disque, en plus d'être varié, offre de véritables moments d'intensité abrasive ("Jadda Jadda") que n'auraient pas renié des gars comme – pour ne citer qu'eux – Sonic Youth. En fin de compte, derrière ses airs de sale gosse déconnant, Geese My Eyes est un disque qui parvient à étonner sur chaque nouvelle piste, à émouvoir par moments, faire pouffer à d'autre, intriguer la plupart du temps... Un sacré panel d'émotions, c'est pas tout le monde qui peut en dire autant.
Moi je veux bien passer leur rendre visite, dans leur chambre à Berlin, ne serait-ce que pour pouvoir crier bêtement dans un micro ou agiter frénétiquement un tambourin à contre-temps, je ne suis pas bien difficile... Et puis qui sait, leur joyeuse fièvre créatrice est peut-être contagieuse ?
Chronique provenant de Xsilence : http://www.xsilence.net/disque-9547.htm
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes 2015 en musique depuis ma boîte bleu, Les meilleurs albums de 2015, Je t'ai donné la vie... mais on ne m'a pas donné le droit de te la reprendre, Kitchen Leg Records : Joyeux drilles déglingués et Salut ! Tu ne me connais pas encore, j'ai moins de 30 notes, mais ensemble on va faire des folies ♥
Créée
le 7 sept. 2015
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Cette citation n'est pas de moi, c'est Saitama lui-même, principal protagoniste et « héros » de One-Punch Man, qui la prononce après un énième gros vilain dûment tabassé d'un seul coup...
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On pourrait être tenté, à l'approche de la musique de Murmuüre, de ne parler que de Black Metal. On pourrait amener, à la simple écoute des guitares poisseuses et saturées ou bien des - rares -...
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