Il règne une certaine confusion autour de cet album, pochette et titres ambigües (“raid over Dusseldorf“, “swastika rising“...), beaucoup de mystères et d’interprétations plus ou moins farfelues circulent et la bêtise de certains médias - Rock’n Folk en tête - justifie une bonne mise au point. Tout d’abord, tordons le cou au plumitif du mag susnommé, qui s’est sans doute senti malin d'affirmer que German Oak était un groupe qui donnait envie d’envahir l’Europe (sic!), la vérité n’a rien à voir avec une quelconque nostalgie du IIIe reich.
Commençons par cette note du groupe qui nous donne une sérieuse indication sur ses motivations mais que l’on peut très bien mal interpréter : "If we were not born, we could not have done this. So we dedicate this record to our parents which had a bad time in World War 2… » Il apparait évident que pour ces 5 jeunes chevelus allemands (le groupe se forme en 1972), la meilleure façon de supporter ce lourd passé est de vivre avec d’où leur décision d'enregistrer au fin fond d'un bunker un manifeste pour témoigner d’une époque, la seconde guerre mondiale, et entretenir du même coup l'espoir d'un avenir meilleur. “Down in the bunker“ s'inscrit bien dans une vision "d'avant garde" et d'acceptation du passé, aussi déconcertant soit-il.
La dernière réedition remasterisée à partir des originaux par Now-Again Reserve contient 3 CD.
Les titres ont été tout simplement modifiés. Cela donne...
"Screaming Skeletons », à l’origine intitulé "Airalert"
"Missile Song", à l’origine intitulé "Down in the Bunker"
"Belle's Song", à l’origine intitulé "Raid Over Dusseldorf"
"Nothing", à l’origine intitulé "1945 - Out of the Ashes"
"Bear Song", à l’origine intitulé "The Third Reich »
D’autres titres jamais parus font leur apparition (on trouve aussi des versions étendues ou alternatives) ce qui explique le généreux coffret et certains titres qui n’avaient pas été retenus voient ainsi le jour sans pour autant donner l’impression d'apporter un intérêt. On retrouve même un titre tiré de l’album “Nibelungenlied“ ; Siegfried & Kriemhild y est renommé "Ghost Guitar ».
Comme peut l'être l’arrière-salle d'un blockhaus, le son caverneux, sombre et froid est bel et bien conservé. Cela n’empêche pas d’entendre quelques incursions jazzy voir (kraut)groovy mais la démarche reste expérimentale (l’ensemble est essentiellement instrumental).
“Down in the bunker“ est sans aucun doute un objet à part de la kosmische music, une charge teutonique brutale et rêche mais aussi essentiel que Can ou Faust.