Moins connu que Jean-Michel Jarre, mais beaucoup plus intéressant, le Grenoblois Bernard Szajner, né en 1944, est une figure mythique de l’électronique expérimentale française. Il restera d’abord dans les annales de la musique comme l’inventeur de la harpe laser (récupérée par JMJ, l'imposteur…) mais aussi et surtout pour son chef d’œuvre hypnotique et profond de 1980 « Some Deaths take Forever », destiné à "illustrer" un court métrage d’Amnesty International contre la peine de mort. Carl Craig, célèbre producteur techno de Detroit, considère ce disque comme le meilleur album de musique électronique de tous les temps, ce qui en dit long sur l’influence underground que Szajner a pu avoir. Accompagné du bassiste de Magma et d'une guitare très frippienne pour le côté électro prog-rock, Szajner nous plonge dans l'esprit d'un condamné à mort par le biais de rythmiques hypnotiques, créant une musique à la fois tourmentée et robotique. Elle contient aussi de rares moments d'apaisements notamment par le biais d'une radio, dernier refuge et contact avec l'humanité. Cette œuvre fascinante et déroutante assez proche de l'univers de Heldon quoique plus spatial reste une œuvre majeure de l'électronique empirique.