Out in the open
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le 21 juil. 2020
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Quel est ce projet mystérieux sorti de nul part composé en deux parties nommées « Ghosts V : Together » et « Ghosts VI : Locusts » du groupe mythique Nine Inch Nails ?
Une surprise du plus bel écrin venant tout droit des meilleurs compositeurs contemporains et de la part d’un groupe ayant toujours réussi à se renouveler en expérimentant les formes musicales d’où apparaît des émotions brutes remplies de sens. Ce n’est pourtant pas une sortie aléatoire, en effet, le confinement actuel à fait naître l’idée d’une suite au projet instrumental qu’était « Ghosts I-IV » sorti en 2008, reflétant plus de 10 ans après, les traumatismes d’une époque bouleversé en examinant ses recoins les plus lumineux au plus sombre.
Il repose sur deux faces distinctes et cohérentes formant un tout qui prend suite au précédent album étant le premier de leur carrière en dehors du fameux label Interscope passant sur celui de Reznor nommé The Null Corporation, les morceaux étaient aussi courts qu'envoûtants, ressemblant plus à une grande compilation d’essais instrumentaux qu’a un projet véritablement réfléchi sur l’ensemble, au contraire de cette suite étant presque des albums concepts réflexifs sur notre situation humaine, sociale et politique ayant uniquement recours à la dimension sonore.
Ce premier projet instrumental poursuit l’ambiance qu’a su former le groupe depuis les 90’s d’une façon plus ambient voire trip-hop par instants sans la fameuse voix brisée de Mr Reznor aux commandes du projet proposant des atmosphères ésotériques sans pour autant oublier de brancher sa guitare électrique, renvoyant aux moments les plus bruyants et jouissifs de leur carrière. Outre la sortie de « The Slip », une tournée visuellement spectaculaire ainsi qu’un projet parallèle avec sa femme How to Destroy Angels, Ghosts fut un immense succès dans la seconde partie de carrière du groupe et propulsa la carrière de Trent Reznor et son comparse Atticus Ross, devenu membre à part entière depuis « With Teeth » (2005), dans l’univers de la création originale de musique pour le cinéma et la télévision.
Enchaînant les projets depuis le fructueux partenariat avec David Fincher, pour lequel ils ont signé en 2011 un premier essai magistral pour « The Social Network », chef-d’œuvre instrumental rythmant un film tout aussi splendide qui a valu un Oscar de la meilleure bande originale de 2011 pour Reznor et Ross confirmant leurs talents qu’ils poursuivront avec tout autant de génie. On peut constater leur productivité inarrêtable après le retour en forme de leur trilogie d’EP conclu par « Bad Witch » (2018), le plus expérimental, noise et jazzy de toute leur carrière, ou le saxophone possédé de Reznor prend davantage de place et en fait un hommage dissimulé à un de ses mentors, David Bowie, et à son testament crépusculaire « Blackstar » sorti en 2016, ce penchant pour le jazz est revenu au travers des surprenants morceaux sur les compositions de la bouleversante série de Damon Lindelof réadaptant la BD culte « Watchmen » qui va surement se développer davantage dans la bande originale de « Soul », le prochain pixar sur l’univers du jazz.
Tout cela amenant à ce double album qui débute par sa première face, « Ghosts V : Together » composé de 8 morceaux ou ils synthétisent des émotions pures dans un long flot musical avec des titres avoisinant régulièrement la barre des 10 minutes contrairement aux courtes durées du premier album.
Ils se servent d’une palette digitale modifiant sa voix en un instrument et formant des textures ambiante jouant avec la longueur rappelant le travail de Brian Eno dans les années 80 ou de l’immense compositeur Angelo Badalamenti gardant un aspect cinématographique dans ses textures sonores en n’oubliant pas d’introduire des douces mélodies servant de mantras revenant sans cesse au cours de l’album.
Débutant par une association des contraires, entre l’anxiété et l’apaisement, NIN nous proposent un véritable voyage intérieur d’1h10 : La mélodie douce et bienveillante du second morceau "Together" réapparaît dans "Apart" dans un contexte musical dissonant au son de cordes dérangées comme une réponse au titre précédent, formant deux faces partagées entre le positif et le négatif échangeant un même motif (ou même leurs noms se répondent). L’apparition du piano et des sons semblable à un xylophone font ressortir cet espoir bienveillant de la part des compositeurs, rappelant que l’espoir est encore présent même s’il est partagé par des sons dissonants et électroniques posant une ambiance lourde ramenant à un contexte difficile comme sur "Hope We Can Again" mais sera nuancé par le dernier morceau "Still Right Here" par ses sons distordus et son piano lent ouvrant la voie vers la face énervée de NIN au travers d’une guitare explosive tout autant que les sons électroniques revenant ensuite à un repos progressif permettant l’entrée dans la seconde partie.
Together est un véritable voyage introspectif où l’on doit pleinement se donner à une écoute attentive pouvant amener à une sorte de méditation transcendantale permettant d’oublier le chaos autour de nous pour se recentrer sur notre propre intériorité et placer nos émotions, nos sensations, nos craintes, nos rêves, ce qui fait de nous ce que nous sommes, au premier plan.
Article complet à retrouver sur Pozzo Live
Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Les meilleurs albums de Nine Inch Nails, Voyage à travers les sons [2020] et Les meilleurs albums de 2020
Créée
le 15 avr. 2020
Critique lue 445 fois
8 j'aime
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