There's a hundred-thousand streets in this city. You don't need to know the route. You give me a time and a place, I give you a five minute window. Anything happens in that five minutes and I'm yours. No matter what. Anything happens a minute either side of that and you're on your own.
Refn avait déjà bouleversé le paysage cinématographique avec un biopic sur Charles Bronson plutôt singulier (Bronson) et un film de Viking d'une beauté impressionnante (Valhalla Rising).
Maintenant il s'attaque à son tout premier film hollywoodien
d'action, son grand chef-d’œuvre : «Drive»
Le casting est quatre étoiles, avec Ryan Gosling en tête d'affiche, dans le rôle du chauffeur mystérieux et mutique, sans nom; Carey Mulligan (Shame) en Irene, la jolie voisine du conducteur dont il tombe amoureux; Bryan Cranston (Breaking Bad, Argo, Malcolm) en Shannon, gentil patron du conducteur.
Albert Brooks (A Most Violent Year, Taxi Driver !!!) en personnage étrangement malsain, Oscar Isaac (Inside Llewyn Davis) en mari d'Irene qui veut essayer de se repentir; Christina Hendricks en Blanche et Ron Pearlman en Nino.
L'alchimie entre Irene et le conducteur est palpable, grâce à leurs regards et leurs gestes (Gosling et Mulligan ont voulu enlever des dialogues car ils pensaient que ce n'était pas nécessaire et retirerait l'alchimie entre ces personnages).
Les autres comédiens sont tout aussi bons, offrant des personnages plus complexes que l'on ne le croit.
L'histoire est assez basique mais elle est très bien amenée et offre de joli retournement de situation. Cette histoire change considérablement comparé au roman éponyme de James Sallis, elle améliore le récit du livre qui adoptait une construction dans le désordre (comme dans les films : Pulp Fiction ou Memento).
Je pense que c'est un des seuls films ou le livre dont il est tiré est moins bon que l'adaptation cinématographique (le roman n'est pas mauvais, il vaut quand même le détour ).
Le récit fait pensait au conte, un conte moderne :
Les personnages - le conducteur, un chevalier avec sa veste au scorpion qui peut faire penser à une armure; Irène est sa princesse et Nino, le méchant, qui s'oppose entre eux.
L'histoire à le même schéma narratif qu'un conte : Situation initiale, élément perturbateur, les péripéties, l'élément de résolution et la situation finale (qui ici contrairement d'être une happy ending est plutôt une fin en demi-teinte).
Le réalisateur en est conscient puisqu'il en fait allusion, avec le conte du «Scorpion et la Grenouille» qui est citée par le conducteur. C'est une référence directe au personnage du conducteur : le Scorpion a dans sa nature de tuer et le conducteur aussi, ce qui l'empêche d'avoir une vie normale et le conduit à sa perte.
Le film commence par une des meilleures ouvertures de films jamais faits présentant le conducteur, ses habitudes, sa manière d'agir, ses compétences aux volants dans une course-poursuite pleine de tension suivit de splendides images de L.A dans la nuit sur «Nightcall» de Kavinsky qui colle parfaitement à l'ambiance et l'esthétique du film, faisant penser au 80's.
La suite du film est un mélange entre des moments de calmes poétiques et profond, et des scènes d'action sanglantes magnifiquement bien orchestrées, finissant avec le conducteur sur la route sur l'air de «A Real Hero» de Electric Youth.
Mais la plus grande force de ce long métrage est sa réalisation absolument parfaite, accompagné d'une BO impressionnante dans le même style que le film.
Ce long métrage joue sur les couleurs, les lumières (de la route), les sons, les cadres, …
Par exemple, la lumière du feu rouge se reflétant sur le visage de Gosling montre ses sentiments ; les moments calmes, sans bruits peuvent être déstabilisée par un son accentué d'une arme à feu comme les moments de romance pleine de poésie contrasté par la scène suivante qui montre une grande brutalité de la violence.
La scène de l’ascenseur décrit tout le film (amour/violence) en une séquence absolument magnifique et tragique qui se finit dans le sang.
En clair, Drive est un chef-d'oeuvre en tout point avec des acteurs/actrices à leurs meilleurs dans une histoire pleine de tension et d'enjeux psychologique. Magnifié par la réalisation soignée de Nicolas Winding Refn qui filme les routes de Los Angeles comme elles ne l'ont jamais été, regorgeant de beauté et de lyrisme contrasté par de la violence esthétisée et choquante (importante dans la filmographie de Refn), accompagné d'une BO grandiose. Drive est désormais un classique du cinéma à mes yeux.