Une masse du public en extase, une presse dithyrambique, une moyenne SC indolente, un paquet d'éclaireurs divers et variés quasi unanimes en 8 et 9. Même le projectionniste avant la séance me sort un "ça fait bien longtemps qu'on a pas vu un film aussi bon !", le réalisateur de Bronson et de Valhalla rising... Gros espoir donc, mais prudence malgré tout.
La contemplation assez vaine mais belle et sauvage de Valhalla rising passait bien pourtant. La violence gratuite et la folie de Bronson flamboyait bien aussi. La trilogie Pusher n'est pas en reste. Bref, la mise en scène épurée de Winding Refn et ses idées de violence tordue, je prends. Les moments de suspensions interminables, la ville, les matières, la nuit, c'est très beau et ça mérite son Prix de la mise en scène.
Oui mais le scénario, c'est Le Transporteur. Alors puisque tout le monde descend Le Transporteur en flammes, je vois pas pourquoi il faudrait passer outre avec Drive sous prétexte que c'est beau comme une ville la nuit.
L'ambiance ? Le mec se prend pour un Chivers... Il y a d'ailleurs un bon je ne sais quoi de French touch "filmons le vide de l'instant avec la classe bobo" dans tout ça. Ryan Gosling se mue en prototype plastique du rebelle mais derrière son regard : rien. C'est Jason Statham dépressif et muet.
La musique french electro New Disco House 80's Valérie et compagnie trip collé au fauteuil "trop cool la BO", c'est bien, mais quand c'est partie intégrante d'une scène et non plaqué tel quel sur les images, c'est mieux.
L'action ? La première scène est excellente, belle tension, beau réalisme, la meilleure du film. On y croit. Après, il faut quand même m'expliquer comment une caisse qui fonce deux fois à pleine balle dans une autre caisse a encore ses deux phares avant impeccables le plan suivant pour éclairer la falaise adéquatement, ou comment un mec de 2 mètres avec un flingue peut se faire rosser par une pichenette d'un gringalet comme Gosling. Bref, l'action est censée être secondaire de toute façon.
La tension ? Ce qui vaut pour un film d'action vaut aussi pour un film "tu la sens ma grosse contemplation", d'autant plus s'il se prend au sérieux. Je comprends pas bien comment on peut se palucher devant une grosse partie du film qui n'est qu'une romance digne de Danny the dog... Carey Mulligan est insupportable. Le mari voyou a forcément une tête de terroriste (désolé Oscar). Les caïds sont méchants mais basiques à outrance. Ryan Gosling louche quand il regarde trop longtemps fixement et son pote garagiste est le prototype du vieux sur le retour (désolé Bryan). Oui mais on s'en fout, c'est beau, c'est la classe. Oui mais non. Ce vide thématique tue toute l'ambiance si méticuleusement mise en place.
Honnêtement, ça vaut peut-être son 6 (même pas en fait..), mais j'ai envie d'être malhonnête (et de me faire des amis...) parce qu'une moyenne comme ça, c'est beaucoup trop haut.